Écrit par Nasu Kinoko ; traduction française par Lucas « Melloi » Maupin ; basée sur les traductions de Owlz (EN) et Tancruz (PT) ; couverture par Takashi Takeuchi ; bande-son composée par Hideyuki Fukasawa
1. – Au Jardin
Merlin
Il existait une plaine aux pentes douces où s’épanouissaient des fleurs de toutes les couleurs.
La lumière du printemps et le parfum de l’été emplissaient l’après-midi.
La brise de l’automne et le firmament étoilé revêtaient la nuit.
Sur le sol, les insectes côtoyaient les fleurs.
Dans les bois, de l’eau courrait à travers la verdure parcourue par les animaux.
Il y avait aussi de sublimes esprits là où reposait l’eau.
Une île aux frontières inconnues des humains et défendues à jamais.
Elle s’appelait Avalon.
C’était le nom de l’endroit où une certaine planète, la Terre, laissait reposer son âme ; mer intérieure des astres.
Dans ce jardin fleuri demeurait quelque chose à l’allure d’une personne.
Il portait une cape simple mais taillée dans un tissu d’une qualité exceptionnelle.
Ses longs cheveux arc-en-ciel filtraient la lumière du soleil.
Il songeait à une élève, perdue dans un endroit lointain, dépouillée de toute volonté.
« Cela précipitera probablement leur chute », pensa l’homme en laissant derrière lui une certaine île du cinquième siècle et ses habitants.
Et il partit rejoindre ce paradis, seul.
L’homme était le mage d’un certain Roi. Mais pour des raisons personnelles impliquant une femme, ce non humain avait fui jusqu’à ce paradis avant la bataille finale.
Il devint le modèle de grands mages apparaissant dans divers mythes et légendes.
Seulement, il possédait une chose qui le plaçait bien au-dessus de tous les autres — des yeux capables de voir à travers le monde —.
Il était issu de l’union entre un Succube et un humain.
Son nom était Merlin, le mage des fleurs.
Merlin déambulait à travers le jardin de fleurs.
Ce paradis n’avait pas de limites car elles se métamorphosaient constamment.
S’il atteignait la frontière de l’île, le paysage devenait alors celui de la terre sèche qui portait en ce temps le nom de Bretagne1Le terme « Bretagne » réfère ici à l’île de Bretagne, de nos jours appelée Grande-Bretagne..
En face de lui se tenait une porte rocailleuse.
Sur cette arche, il n’y avait qu’une unique phrase gravée — Seuls les innocents peuvent passer.
Merlin haussa les épaules et, sans s’écarter, passa à travers le portail.
À ce moment, une dune qui était dans le désert se transforma.
D’épais murs de pierre surgirent du sol et piégèrent le mage.
Merlin pensa silencieusement à ce qui avait causé cela.
« Alors seuls les innocents peuvent passer. »
L’homme, sachant qu’il s’agissait d’un piège, continua d’avancer car ces mots le blessaient.
Pour Merlin, qui était capable de voir l’ensemble des circonstances et possibilités, le monde n’était rien de plus qu’une peinture.
Une peinture que Merlin trouvait plus belle encore lorsqu’elle représentait une heureuse conclusion pour l’humanité.
Seulement, dans cette peinture, l’amour pour les humains ou pour un individu particulier n’existait pas.
Ainsi, il élimina les sources de prospérité et de bonheur de plusieurs personnes comme s’il se débarrassait d’insectes.
Et cela sans même choisir ce qui était bon ou mauvais, ce qu’il aimait ou non.
C’est pourquoi lui-même n’était pas conscient de son péché.
Peut-être suis-je le seul innocent sur cette terre, pensa-t-il.
Merlin tend la main aux humains en créant des rois.
Malgré cela, qu’advienne du règne, il ne ressentira ni responsabilité, ni culpabilité.
Un homme dans son étroite cellule, assis sur un fragment de rocher sortant du sol.
Il leva les yeux vers le haut, où une petite fenêtre était taillée dans le mur.
Si c’était la même époque, l’homme pouvait voir le monde, peu importe l’endroit.
Le mage des fleurs mit la main dans son sac et dit à son familier, Cath Palug :
« Bientôt, bientôt le dernier acte. »
Mais avant cela, laissez-moi vous conter une histoire du passé.
2. – L’Aube de la Nomination
Altria3« Altria » est le nom officiel donné par TYPE-MOON. Par conséquent, c’est celui que nous emploierons.
Oh, oh non…
Grand merci, tu m’as réveillé.
Je m’inquiétais hier, mais il semblerait que tu aies l’œil attentif. Je suis certaine que tu seras un formidable cheval de guerre comme celui de mon père, Eto.
Oui, oui. Je préparerai le café du matin pour tout le monde un peu plus tard.
Bien, Eto, c’est l’heure de ton pansage, n’est-ce pas ?
Écoute-moi, Eto. Hier, j’ai finalement réussi à toucher Éctor… Bon, en réalité, je ne l’ai fait reculer que d’un pas, mais n’est-ce pas assez pour faire la différence sur l’impitoyable champ de bataille ?
Mais… ces derniers temps, il semble soucieux.
Qu’un chevalier comme Éctor soit silencieux et sinistre… Je m’inquiète pour lui.
Ah, excuse-moi. J’ai arrêté de te brosser.
Il y a quelques temps, j’ai demandé à Éctor…
« Éctor, si quelque chose te tracasse, tu peux me le dire. Je ferai tout ce que je peux pour t’aider… à condition que ça n’implique pas de réduire nos repas… Plus sérieusement, est-ce que ce sont tes jambes ou ton dos ? »
Alors il m’a répondu…
« Hm, ce n’est qu’une impression. Mon corps demeurera encore en bonne santé pendant encore une dizaine d’années. Néanmoins, Altria, tu ne sembles pas prête à faire tout ce qu’il faudra pour m’aider. »
Et il a dit cela sans perdre son habituel ton assuré…
Tu as raison…
Kay doit certainement encore poser des problèmes.
Voilà, j’ai terminé. Aujourd’hui encore ta robe est magnifique, Eto.
Altria
Désolé de t’avoir fait attendre, Éctor ! Je me suis réveillée tardivement !
Éctor
Tu m’as l’air assez vive pour quelqu’un qui vient de se réveiller. Bien, dans ce cas, va chercher ton épée ; nous allons nous entraîner toute la matinée, il n’y aura pas de pause aujourd’hui.
Merlin
Cinquième siècle, sur l’île de Bretagne. Le pays traversait une période agitée.
Les Saxons, peuple barbare venu de la mer, revendiquaient de plus en plus de terres.
L’île de Bretagne était régie par un roi et plusieurs familles royales.
Des querelles internes non-résolues poussaient certaines de ces familles à coopérer avec les envahisseurs.
De plus, un roi avait décidé d’ouvrir les portes de l’île à ces peuples barbares.
Son nom était Vortigern, dit l’Usurpateur.
Né sur l’île de Bretagne, sa volonté destructrice, incarnée en un dragon blanc, visait à la chute du royaume.
Uther Pendragon, le plus grand des Rois, était tombé de sa lame traitresse et avait disparu de l’esprit du peuple breton.
Ainsi, l’île de Bretagne étaient entrée dans une ère connue sous le nom d’Âge sombre.
Malgré cela, les Bretons4Le terme « Breton » désigne ici un habitant de l’île de Bretagne, l’actuelle Grande-Bretagne. n’avaient pas perdu espoir — car le grand mage Merlin avait déclamé une prophétie.
« Le Roi Uther cache celui qui sera son héritier. Il deviendra le Roi d’une nouvelle génération. »
« L’incarnation du Dragon Rouge. Ce nouveau roi rassemblera de nombreux chevaliers autour d’une table ronde, et ensemble ils vaincront le Dragon Blanc. »
« Le Roi vit parmi nous. Cela se saura bientôt. »
C’était il y a dix ans.
Et l’hériter en aura quinze cette année.
Éctor
Altria, on dirait que Kay a oublié ses affaires. Va en ville et ramène-les-lui. Tu y seras à temps si tu pars maintenant.
Altria
Ah… Comment est-ce possible qu’un chevalier comme mon frère oublie sa propre lance ?
Éctor
Ce doit-être car aucune joute n’a été organisée ces dernières années.
Altria
Entendu, je dois simplement la rapporter à Kay, c’est cela ?
Éctor
Oui… Ce sera ta dernière tâche pour aujourd’hui.
[C’est Merlin ! Merlin est arrivé !]
Altria
Oh, Merlin ?
[Oui, il dit être venu choisir l’hériter d’Uther. Tous les chevaliers du coin se rassemblent. On dit que celui qui retirera l’épée du rocher deviendra le nouveau roi.]
[Qui est-ce que ça sera ? Qui deviendra roi ?]
Altria
Je vois, c’est donc l’épée de la sélection.
Altria
Kay.
Kay
Ahhh.
Altria
Est-ce que c’est l’épée qui choisira le roi ?
Kay
Oh, épée de la sélection, choisis-moi ! Ughhh !
Alors cette chose me dit que je ne suis pas digne de devenir roi ?
[Même ce preux chevalier n’y arrive pas ?]
[Je me demande si le nouveau roi va vraiment apparaître…]
Kay
C’est une épée que personne ne peut retirer, un artefact qui n’existe que pour nous tourmenter.
Le nouveau roi sera désigné par un tournoi.
Altria
Vraiment… ?
Kay
C’est la meilleure façon de décider qui montera sur le trône.
Altria
Même si le roi n’a pas été choisi par l’épée ?
Kay
La capacité à régner n’est pas quelque chose de visible. Il est bien plus humain de mesurer la puissance d’un homme avec ses mains et sa fortune.
Il sera plus facile pour nous de définir des objectifs en accord avec nos intérêts. Personne ne veut voir ou même devenir un « envoyé de Dieu qui sauvera la Bretagne. »
Altria
Kay, est-ce que tu le penses vraiment ?
Kay
Bien évidemment. Tu devrais retourner auprès de Père avant que l’on ne commence à se moquer de ton corps féminin trop frêle qui peut à peine tenir une épée.
C’est compris ? C’est ta première et dernière chance. Retourne à la maison.
[On dirait que l’on va décider qui sera le roi lors d’un tournoi, allons voir ça !]
[Est-ce qu’on devrait y aller ?]
[Alors la prophétie de Merlin n’était pas vraie…]
Altria
Que personne ne veut voir ou devenir…
Altria
Pourquoi ai-je vécu en tant qu’homme sous le nom d’Artorius ?
Pourquoi m’a-t-on appris à me battre à l’épée ? Pourquoi m’a-t-on enseigné tant de choses à propos de ce pays ? Et pourquoi m’a-t-on appris à renier mes désirs humains ?
C’est évident.
Tout avait été fait pour préparer ce jour.
La jeune femme avait un cœur un bienveillant pour retirer l’épée du roi.
Elle ne connaissait pas le visage de ses parents.
Elle était née dans le but de créer un « roi idéal ».
En vérité, elle ne ressentait pas la douleur infligée par la mort de son père, le roi Uther.
Elle ne ressentait également aucune émotion quant à la mission spéciale que le mage lui avait confiée au travers de ses enseignements.
Mais elle avait vécu ces quinze années paisibles, jour après jour, auprès de son père adoptif, Sir Éctor, de son demi-frère Kay, et des voix chaleureuses des habitants de la ville.
C’était un sentiment différent de l’admiration ou de l’amour.
Seulement, cela résonnait en elle comme quelque chose de juste et beau.
Elle ne souhaitait pas devenir une habitante de cette ville ou un membre de cette communauté.
Lorsqu’elle s’imaginait ces scènes, elle les effaçait de son esprit avec tendresse.
Elle savait qu’elle allait perdre tout cela. Elle le savait du plus profond de son cœur.
Lorsqu’elle était enfant, elle n’était pas particulièrement brillante, mais elle travaillait dur. Ainsi, elle se disait que tout cela n’arriverait jamais.
Tout comme les humains naissent pour être humains…
…les dragons, eux, naissent pour exaucer les vœux.
Altria
Je te remercie, Kay…
Mais… pardonne moi.
Merlin
Tu devrais réfléchir un peu avant de retirer cette épée.
Altria
Vous m’avez surprise. C’est la première que nous nous rencontrons en dehors d’un rêve, n’est-ce pas, Merlin ?
Merlin
Crois-moi, il vaut mieux que tu t’arrêtes là. Tu arrêteras d’être humaine lorsque tu retireras cette épée.
Mais tu seras aussi haïe par tous les humains et tu connaîtras une mort terrible.
Altria
Non…
Merlin
En es-tu sûre ?
Altria
Beaucoup de personnes souriaient… Ce chemin… Je suis certaine que ce n’est pas le mauvais.
Merlin
Oh, alors tu as retiré l’épée ? Tu as fini par choisir le chemin le plus difficile.
Malgré tout, les miracles ont un prix qu’il est nécessaire de payer.
Ô Roi Arthur, échangeriez-vous cela contre votre bien le plus précieux ?
3. – Sire Kay / une histoire des chevaliers
Kay
Cinq ans. C’est à ce moment que nous devînmes une famille.
Cinq, c’était son âge, pas le mien.
Au premier regard, je sus immédiatement qu’elle serait belle, mais Père me dit : « Traite-la comme un frère. » Et c’est ce que je fis.
Seulement, il n’y avait aucune chance de voir ce secret en rester un.
Sa Majesté Uther avait eu l’idée de créer un héritier qui ne serait pas humain.
Un hybride entre un dragon et un homme…
…au corps modelé comme celui d’un humain ; l’incarnation d’un roi.
Le sang de sa Majesté Uther et le sang d’un dragon. Pour les lier ensemble, il lui fallait une femme au sang bleu.
Une union sans une once de romance, que seul le résultat motivait.
Comment ? Vous pensez qu’il y avait de l’amour là-dedans ? Vous le pensez sérieusement ?
C’est exactement parce que vous ne pouvez comprendre cela que vous êtes inhumain.
Et c’est ainsi qu’Altri— que le Roi Arthur naquit.
On appela cela une fertilisation conceptuelle, dans des termes magiques.
Mettre les capacités d’un dragon dans un être humain sans altérer sa croissance.
Personne ne pouvait grandir normalement après une telle chose, mais il faut croire qu’elle était déjà différente sur ce point.
C’est difficile à croire maintenant, mais elle n’était pas si différente des autres filles de la ville. Une fois mêlée aux autres, elle devenait comme eux. C’était une fille de la ville, une simple fille de la ville.
Ah, mais elle était mauvaise perdante.
Ce n’était pas gagner ou perdre face à quelqu’un qui la rendait comme cela…
Elle refusait simplement de céder face à sa propre faiblesse.
Lorsqu’elle essuyait une défaite, elle levait rapidement la tête et continuait.
Inébranlable lorsqu’elle allait de l’avant, et pourtant blessée si facilement.
Peut-être qu’elle ne pouvait ignorer certaines choses car elle était trop obéissante.
Cette fille avait été élevée strictement par mon père pendant dix ans.
Alors bien sûr, elle allait devenir un roi idéal. Mais ce fut difficile pour moi.
Son histoire après qu’elle ait retiré l’épée de la sélection— vous pouvez certainement la raconter mieux que moi.
Lorsqu’elle eut terminé son entrainement visant à maîtriser l’épée de la sélection, Caliburn, elle commença à porter son titre de Roi.
Puis elle engagea la première des onze batailles que nous disputâmes contre les Saxons.
Elle vainquit le cruel Vortigern…
…et forma notre château, Camelot.
Puis dix années passèrent.
Il n’y a rien eu de monotone pour vous et moi.
Vous couriez après les femmes en vous déclarant conseiller du roi, et je courais après la croupe d’une femme tout en remplissant mon devoir de Chevalier de la Table Ronde…
…tandis que le Roi Arthur rassemblait autour de lui des seigneurs séparés par les querelles et menait à bien les campagnes contre les Saxons.
C’était en effet un règne prospère et paisible.
Et comme l’avait souhaité en son temps sa Majesté Uther, un roi parfait était né.
Pendant ce temps-là, nos inquiétudes vaines s’amoncelaient.
Aucun chevalier ne prenait la peine de lui demander si elle était vraiment une femme.
Même après tout cela, aucun d’entre nous n’avait vraiment accepté le Roi Arthur.
Ceux qui rêvaient d’un « roi parfait » ont commencé à la blâmer lorsqu’ils se sont rendu compte que leur idéal ne pourrait pas sauver absolument tout le monde.
Et en voici le résultat.
Lorsque le Roi Arthur partira pour Rome, Mordred l’attendra avec une armée déjà levée.
Quant à moi, je ne supporte plus l’idiotie de ces conflits internes.
En parlant de motivations inappropriées, j’ai ordonné la retraite.
Vous voulez finalement savoir ce que je pense du Roi Arthur, c’est cela ?
Dès son plus jeune âge, mon père passait la plus grande partie de la journée à l’entraîner et à l’éduquer comme un roi.
Et elle passait le peu de temps libre qu’il lui restait à dormir, s’occuper des chevaux et patrouiller en ville.
Elle n’a jamais pu vivre ce qu’elle cherchait à protéger.
Y avait-il quelqu’un d’autre capable de me faire frémir ainsi ?
Je suis un homme qui couperait la tête d’un géant si l’on me le demandait, mais elle était capable de me faire tressaillir.
Lorsque nous vivions avec Père, elle me dégoutait tant que je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander…
« Dis, quand est-ce que tu dors ? »
« Ne t’inquiète pas, mon frère. Je dors de l’aube jusqu’au lever du soleil. »
Elle m’a répondu cela en souriant. De l’aube jusqu’au lever du soleil. Ça ne représente même pas trois heures.
Quelques jours plus tard, je vous ai rencontré et j’ai appris une vérité que j’aurais préféré ignorer.
Cette fille— même dans son sommeil, un succube qui était mage faisait d’elle un roi.
Quelle blague. En réalité, elle ne dormait pas vraiment.
À cause de cela, maintenant que je vois le pays au bord de l’effondrement, je me demande…
« Foutaises. Pour quel souhait était-elle prête à aller si loin ? »
4. – Sous le Ciel Étoilé
Merlin
Après la chute de Vortigern, le Roi Arthur ordonna la reconstruction de l’ancienne citadelle qui avait été détruite.
Malgré cela, le futur de la Bretagne demeurait vague.
La vie quotidienne ne la population ne changeait pas, et les ténèbres infectaient progressivement le cœur des gens.
« Le Roi Arthur n’était-il pas censé être notre lumière ? »
« Celui dont nous n’aurions qu’à suivre les paroles pour mener notre pays à la prospérité ? »
Altria
Je ne pouvais qu’être réprimandée.
Nous avons été forcés d’importer des produits agricoles à cause des programmes de cette année.
Je vais de nouveau avoir besoin de l’aide de Sire Lancelot.
Merlin
Cette île avait toujours été pauvre. Tout le monde pensait que la défaite de Vortigern l’Usurpateur apporterait la paix.
Et pourtant, il en fut autrement. Les humains adulent comme ils détestent tout ce qui brille.
Tant que le roi Arthur restera un souverain idéal, le peuple dépendra de lui comme il lui crachera dessus.
Merlin
Vous devrez ignorer leurs paroles ou les écraser pour régner.
Vous n’obtenez qu’injustices et rebondissements.
Et pour autant, plus il y en a, plus la vie quotidienne de la population se stabilise.
Altria
Alors… plus je souffrirai, plus le pays prospèrera. C’est bien ce que vous dites ?
Merlin
Oui. Vous le saviez, n’est-ce pas ? Vous le saviez lorsque vous avez retiré l’épée de la sélection.
Altria
En effet. Et c’est pour cela que je peux dire avec fierté que nous faisons les bons choix.
Regardez-moi, Merlin. Demain ne sera peut-être pas le jour promis, mais je peux affirmer que ce pays deviendra grand et qu’il n’aura rien à envier au légendaire Avalon.
Merlin
C’est à ce moment que le mage réalisa l’erreur qu’il avait commise.
Ce qui lui importait vraiment, ce n’était pas d’être roi.
Elle avait retiré l’épée dans l’intérêt du peuple. Depuis le début, son règne n’avait été motivé par aucune fierté personnelle.
L’erreur du mage et du vieux roi Uther.
Dès qu’il eut perçu la différence entre leur souhait et le sien, le mage sut qu’elle était condamnée au désespoir.
Quoi qu’il advienne de son règne, elle le regretterait. Quand cela arrivera, guide-la simplement, se dit-il.
Le mage se sentit honteux d’avoir été si aveuglément confiant.
Il tenta de changer la route prise par le roi pendant qu’il en était encore temps, mais…
Il était déjà trop tard.
5. – Sire Gauvain / une histoire des chevaliers
Gauvain
Je n’ai jamais douté du pouvoir du roi.
Il était la personnification du chevalier idéal.
Il me suffisait de le voir combattre à l’avant-garde, lorsque je l’accompagnais, pour me convaincre de l’avenir radieux de la Bretagne.
Seulement… il n’y eut qu’une seule fois…
Il n’y eut qu’une seule fois, lors d’un combat, où j’eus peur de voir le roi être vaincu ; je ne parvins qu’à rester en retrait pour le regarder de dos.
Vortigern, le dragon démoniaque.
Il incarnait à lui seul les forces obscures cherchant à détruire la Bretagne.
Les soldats lancés sur Vortigern s’évaporaient en un unique coup de sa part.
Même l’éclat de mon épée sainte, Galatine, avait été dérobé.
L’épée sainte du Roi, Excalibur, ne luisait plus que comme un feu de camp affaibli.
La bataille dura des heures.
Le rugissement du dragon démoniaque attirait de nombreux nuages qui détruisaient toujours plus.
Le cou du dragon portrait les traces des armes des chevaliers, de la chair morte et des débris de la citadelle.
… Le roi savait probablement…
… que Vortigern incarnait la Bretagne elle-même.
Gauvain
Votre Majesté, le corps de l’ennemi est la Bretagne elle-même.
Même nos épées saintes ne nous apporteront pas la victoire. Nous devons battre retraite pour le moment !
Altria
Je vais avoir besoin de votre aide encore quelques instants, Sire Gauvain.
Gauvain
Sire ?!
Altria
Nous sommes seuls ici. Que vaudraient les porteurs d’épées saintes s’ils ne pouvaient pas faire taire les accès de colère de l’île ?
Gauvain
Votre Majesté ! J’ai piégé l’une des mains du dragon démoniaque !
Altria
Bon travail, Sire Gauvain ! Si je tranche l’autre, il ne pourra plus s’échapper en s’envolant.
Gauvain
Mais nous sommes désarmés, sire !
Est-ce… ?!
Altria
Par la lumière transcendant la dernière des frontières…
Gauvain
Qu’est-ce que cette lance scintillante ?!
Altria
… tranchant le ciel et contraignant la terre…
… déchaîne ta furie, Rhongomyniad !
Altria
Vortigern…
Vortigern
Inconscients… Vous mettriez ce pays à feu et à sang pour en vaincre le tyran.
Ô fils de mon jeune frère Uther, tu ne sauveras pas ce pays.
Et ce— Et ce parce que l’Âge des Mystères a déjà pris fin.
Désormais, c’est celui de la civilisation, l’Âge des Hommes.
L’essence de ton pouvoir est incompatible avec les humains.
Tant que tu existeras, la Bretagne n’aura pas d’avenir.
Maudit sois-tu, l’ancienne Bretagne est tombée il y a bien longtemps.
Gauvain
Lorsque le Roi retira sa lance du corps du vieil homme…
Un rire capable de secouer une ville entière et de la réduire en poussière retentit.
Lorsqu’on déclara la fin de la guerre, le Roi brilla plus que jamais.
Tous ceux qui purent admirer cette figure rayonnante se souvinrent éternellement de son pouvoir.
On vit à quel point cette bataille avait été divine.
Notre pays était meurtri, mais tant que nous avions le Roi Arthur, nous n’avions peur de rien.
6. – Crépuscule
Merlin
Lorsque le roi eut complété la construction de Camelot et que les sièges de la Table Ronde furent pris, le roi accueillit la Reine Guenièvre.
Guenièvre connaissait la vérité, mais elle soutint pleinement le Roi et remplit son devoir de reine.
À cette époque, de nombreuses histoires à propos de la Table Ronde se répandaient dans tout le pays.
En réalité, Camelot était toujours rempli de sourires et d’espoir, et ce qu’importe la terne situation de la Bretagne.
Alors que le peuple croyait que cela était dû au prestige du Roi Arthur…
Les chevaliers disaient fièrement que c’était grâce aux efforts réalisés par tout le monde.
Mais le Roi était le seul à regarder la dure réalité.
Aucune floraison n’est éternelle.
Même si la situation à Camelot était salutaire…
… le déclin de la Bretagne avait déjà commencé.
Altria
Donc… vous dites que la sécheresse et de la pauvreté n’étaient pas uniquement dues aux envahisseurs ?
Merlin
Malheureusement.
C’est aussi car cette île est bien éloignée du continent.
Mais elle reste imprégnée d’un air antique…
… et ce malgré la disparition progressive de la magie sur cette planète.
C’est pour cela que les Pictes, les dragons et les succubes existent toujours.
Et les habitants de la Bretagne sont aussi inclus dans cette catégorie.
Altria
Vous dites que mon peuple est similaire à ces créatures ?
Merlin
Il n’y a pas que les étrangers qui sont considérés comme des envahisseurs.
La terre elle-même est en train de se transformer.
Les mauvaises récoltes continueront probablement tant que vous serez en vie.
Altria
Dans ce cas, devrions-nous changer de mode de vie ?
Cultiver des graines importées, accepter de mêler d’autres sangs au nôtre, changer notre façon d’exister sur cette île ?
Merlin
Je dis simplement que c’est l’une des solutions…
Altria
Quoi qu’il arrive… il nous faut plus de temps.
Si nous devons procéder à des maintenances ou changer des choses…
… il faudra le faire après avoir arrêté l’invasion barbare.
Merlin
Vous pensez avoir une chance de les vaincre, Roi Arthur ?
Altria
Absolument.
Préparez les navires. Nous éliminerons tous les ennemis qui oseront mettre le pied sur la Bretagne.
Merlin
C’était la douzième bataille à laquelle le Roi Arthur prenait part. La phase finale approchait.
C’est ainsi que le voyage décisif des soldats débuta.
Pas un jour ne passait sans que l’on ne convoque un conseil de guerre.
Et pas une nuit ne passait sans que l’on ne monte un campement.
Montrer qu’elle était prête à combattre à n’importe quel instant était probablement une façon de réaffirmer sa détermination.
Pour préparer les batailles, il était nécessaire de se débarrasser de beaucoup de personnes.
Nous avions quitté nos foyers pour mener une campagne nécessaire contre nos ennemis.
Afin de protéger l’entièreté du pays, il n’était pas rare de réquisitionner un ou plusieurs villages pour préparer l’arsenal.
Altria
Ce sont des mesures nécessaires pour remporter la bataille à venir. Soutenez votre Roi !
Merlin
Il n’y avait probablement aucun chevalier qui n’avait plus tué qu’elle, aucun qui n’était plus détesté qu’elle.
Malgré cela, elle n’hésitait pas sur le champ de bataille.
Lorsqu’elle s’asseyait sur le trône pour se reposer, elle fermait ses yeux emplis de tristesse.
Sauver tout le monde équivaut à écarter ses émotions humaines.
Puis, après d’innombrables victoires…
« Le Roi Arthur ne comprend pas les sentiments des autres. »
Un chevalier de la Table Ronde avait murmuré ceci avant d’abdiquer.
Après cet événement, plusieurs chevaliers retournèrent sur leurs terres de leur propre chef.
Le roi accepta cela, sachant que c’était une issue inévitable…
… et il leur confia l’administration de leurs terres.
S’ils y restaient, ils pourraient être utilisés comme des appâts selon le dénouement de la guerre contre les envahisseurs.
Mais cette mesure ne réussit qu’à effrayer encore plus les chevaliers.
Suivant ainsi le code d’honneur chevaleresque, le roi s’isola.
Mais elle ne dévia pas de sa mission.
Elle quitta Camelot un an après cela.
Le Roi Arthur émergea victorieux d’une bataille décisive avec les envahisseurs.
C’était un résultat naturel.
Les chevaliers combattaient tous pour apercevoir la lumière du lendemain.
Mais elle combattait pour obtenir la victoire en utilisant toutes les stratégies à sa disposition.
C’est ainsi qu’un pays au bord de la destruction put obtenir un court instant d’une paix véritable.
… Ce qui vient après est une histoire bien tragique.
Elle confia le secret de cette l’île à un secrétaire auquel elle pensait pouvoir faire confiance.
Puisque l’île perdait peu à peu sa magie, il lui conseilla de partir à la recherche d’un miracle au moins aussi grand qu’elle.
Le roi accepta cette idée.
Et le reste appartient au mythe, celui de la quête du calice de la Table Ronde.
De nombreux chevaliers partirent impatiemment à la recherche de la coupe dorée dont le roi avait parlé, mais ils revinrent toujours les mains vides.
Puis, dix années après l’accession au trône du Roi Arthur…
… la liaison entre la Reine Guenièvre et Sire Lancelot fût finalement découverte.
Commentaires du traducteur
Ma traduction de Garden of Avalon est principalement basée sur la traduction anglophone de Owlz, elle-même basée sur la traduction portugaise de Tancruz. Vous conviendrez ainsi que l’on multiplie les approximations et que cette traduction française est (très) loin d’être parfaite. Mais elle n’a pour but que de permettre aux francophones de saisir ce qu’il se passe dans cette histoire. Le style semi-poétique – parfois averbal – de certains passages fait de Garden of Avalon un exercice de traduction particulièrement difficile à réaliser. J’espère néanmoins avoir saisi le plus important et avoir su le retranscrire dans un langage plaisant. Je rappelle que la traduction n’a pas pour vocation de garder mot pour mot ce qui est originellement dit en japonais.
Je tiens à remercier les traducteurs originaux (évoqués plus tôt) et toutes les personnes m’ayant aidé à réaliser cette page.
Lucas « Melloi » Maupin, fondateur d’Archetype:Moon