Garden of Avalon – glorious, after image
Écrit par Nasu Kinoko ; traduction française par Melloi (1 – 6) et Furanken (7 – 12) ; relecture par Evance ; basée sur les traductions de Owlz (EN) et Tancruz (PT) ; couverture par Takashi Takeuchi ; bande-son composée par Hideyuki Fukasawa
1. – Au Jardin
Merlin
Il existait une plaine aux pentes douces où s’épanouissaient des fleurs de toutes les couleurs.
La lumière du printemps et le parfum de l’été emplissaient l’après-midi.
La brise de l’automne et le firmament étoilé revêtaient la nuit.
Sur le sol, les insectes côtoyaient les fleurs.
Dans les bois, de l’eau courrait à travers la verdure parcourue par les animaux.
Il y avait aussi de sublimes esprits là où reposait l’eau.
Une île aux frontières inconnues des humains et défendues à jamais.
Elle s’appelait Avalon.
C’était le nom de l’endroit où une certaine planète, la Terre, laissait reposer son âme ; mer intérieure des astres.
Dans ce jardin fleuri demeurait quelque chose à l’allure d’une personne.
Il portait une cape simple mais taillée dans un tissu d’une qualité exceptionnelle.
Ses longs cheveux arc-en-ciel filtraient la lumière du soleil.
Il songeait à une élève, perdue dans un endroit lointain, dépouillée de toute volonté.
« Cela précipitera probablement leur chute », pensa l’homme en laissant derrière lui une certaine île du cinquième siècle et ses habitants.
Et il partit rejoindre ce paradis, seul.
L’homme était le mage d’un certain Roi. Mais pour des raisons personnelles impliquant une femme, ce non humain avait fui jusqu’à ce paradis avant la bataille finale.
Il devint le modèle de grands mages apparaissant dans divers mythes et légendes.
Seulement, il possédait une chose qui le plaçait bien au-dessus de tous les autres — des yeux capables de voir à travers le monde —.
Il était issu de l’union entre un Succube et un humain.
Son nom était Merlin, le mage des fleurs.
Merlin déambulait à travers le jardin de fleurs.
Ce paradis n’avait pas de limites car elles se métamorphosaient constamment.
S’il atteignait la frontière de l’île, le paysage devenait alors celui de la terre sèche qui portait en ce temps le nom de Bretagne1Le terme « Bretagne » réfère ici à l’île de Bretagne, de nos jours appelée Grande-Bretagne..
En face de lui se tenait une porte rocailleuse.
Sur cette arche, il n’y avait qu’une unique phrase gravée — Seuls les innocents peuvent passer.
Merlin haussa les épaules et, sans s’écarter, passa à travers le portail.
À ce moment, une dune qui était dans le désert se transforma.
D’épais murs de pierre surgirent du sol et piégèrent le mage.
Merlin pensa silencieusement à ce qui avait causé cela.
« Alors seuls les innocents peuvent passer. »
L’homme, sachant qu’il s’agissait d’un piège, continua d’avancer car ces mots le blessaient.
Pour Merlin, qui était capable de voir l’ensemble des circonstances et possibilités, le monde n’était rien de plus qu’une peinture.
Une peinture que Merlin trouvait plus belle encore lorsqu’elle représentait une heureuse conclusion pour l’humanité.
Seulement, dans cette peinture, l’amour pour les humains ou pour un individu particulier n’existait pas.
Ainsi, il élimina les sources de prospérité et de bonheur de plusieurs personnes comme s’il se débarrassait d’insectes.
Et cela sans même choisir ce qui était bon ou mauvais, ce qu’il aimait ou non.
C’est pourquoi lui-même n’était pas conscient de son péché.
Peut-être suis-je le seul innocent sur cette terre, pensa-t-il.
Merlin tend la main aux humains en créant des rois.
Malgré cela, qu’advienne du règne, il ne ressentira ni responsabilité, ni culpabilité.
Un homme dans son étroite cellule, assis sur un fragment de rocher sortant du sol.
Il leva les yeux vers le haut, où une petite fenêtre était taillée dans le mur.
Si c’était la même époque, l’homme pouvait voir le monde, peu importe l’endroit.
Le mage des fleurs mit la main dans son sac et dit à son familier, Cath Palug :
« Bientôt, bientôt le dernier acte. »
Mais avant cela, laissez-moi vous conter une histoire du passé.
2. – L’Aube de la Nomination
Altria3« Altria » est le nom officiel donné par TYPE-MOON. Par conséquent, c’est celui que nous emploierons.
Oh, oh non…
Grand merci, tu m’as réveillé.
Je m’inquiétais hier, mais il semblerait que tu aies l’œil attentif. Je suis certaine que tu seras un formidable cheval de guerre comme celui de mon père, Eto.
Oui, oui. Je préparerai le café du matin pour tout le monde un peu plus tard.
Bien, Eto, c’est l’heure de ton pansage, n’est-ce pas ?
Écoute-moi, Eto. Hier, j’ai finalement réussi à toucher Éctor… Bon, en réalité, je ne l’ai fait reculer que d’un pas, mais n’est-ce pas assez pour faire la différence sur l’impitoyable champ de bataille ?
Mais… ces derniers temps, il semble soucieux.
Qu’un chevalier comme Éctor soit silencieux et sinistre… Je m’inquiète pour lui.
Ah, excuse-moi. J’ai arrêté de te brosser.
Il y a quelques temps, j’ai demandé à Éctor…
« Éctor, si quelque chose te tracasse, tu peux me le dire. Je ferai tout ce que je peux pour t’aider… à condition que ça n’implique pas de réduire nos repas… Plus sérieusement, est-ce que ce sont tes jambes ou ton dos ? »
Alors il m’a répondu…
« Hm, ce n’est qu’une impression. Mon corps demeurera encore en bonne santé pendant encore une dizaine d’années. Néanmoins, Altria, tu ne sembles pas prête à faire tout ce qu’il faudra pour m’aider. »
Et il a dit cela sans perdre son habituel ton assuré…
Tu as raison…
Kay doit certainement encore poser des problèmes.
Voilà, j’ai terminé. Aujourd’hui encore ta robe est magnifique, Eto.
Altria
Désolé de t’avoir fait attendre, Éctor ! Je me suis réveillée tardivement !
Éctor
Tu m’as l’air assez vive pour quelqu’un qui vient de se réveiller. Bien, dans ce cas, va chercher ton épée ; nous allons nous entraîner toute la matinée, il n’y aura pas de pause aujourd’hui.
Merlin
Cinquième siècle, sur l’île de Bretagne. Le pays traversait une période agitée.
Les Saxons, peuple barbare venu de la mer, revendiquaient de plus en plus de terres.
L’île de Bretagne était régie par un roi et plusieurs familles royales.
Des querelles internes non-résolues poussaient certaines de ces familles à coopérer avec les envahisseurs.
De plus, un roi avait décidé d’ouvrir les portes de l’île à ces peuples barbares.
Son nom était Vortigern, dit l’Usurpateur.
Né sur l’île de Bretagne, sa volonté destructrice, incarnée en un dragon blanc, visait à la chute du royaume.
Uther Pendragon, le plus grand des Rois, était tombé de sa lame traitresse et avait disparu de l’esprit du peuple breton.
Ainsi, l’île de Bretagne étaient entrée dans une ère connue sous le nom d’Âge sombre.
Malgré cela, les Bretons4Le terme « Breton » désigne ici un habitant de l’île de Bretagne, l’actuelle Grande-Bretagne. n’avaient pas perdu espoir — car le grand mage Merlin avait déclamé une prophétie.
« Le Roi Uther cache celui qui sera son héritier. Il deviendra le Roi d’une nouvelle génération. »
« L’incarnation du Dragon Rouge. Ce nouveau roi rassemblera de nombreux chevaliers autour d’une table ronde, et ensemble ils vaincront le Dragon Blanc. »
« Le Roi vit parmi nous. Cela se saura bientôt. »
C’était il y a dix ans.
Et l’hériter en aura quinze cette année.
Éctor
Altria, on dirait que Kay a oublié ses affaires. Va en ville et ramène-les-lui. Tu y seras à temps si tu pars maintenant.
Altria
Ah… Comment est-ce possible qu’un chevalier comme mon frère oublie sa propre lance ?
Éctor
Ce doit-être car aucune joute n’a été organisée ces dernières années.
Altria
Entendu, je dois simplement la rapporter à Kay, c’est cela ?
Éctor
Oui… Ce sera ta dernière tâche pour aujourd’hui.
[C’est Merlin ! Merlin est arrivé !]
Altria
Oh, Merlin ?
[Oui, il dit être venu choisir l’hériter d’Uther. Tous les chevaliers du coin se rassemblent. On dit que celui qui retirera l’épée du rocher deviendra le nouveau roi.]
[Qui est-ce que ça sera ? Qui deviendra roi ?]
Altria
Je vois, c’est donc l’épée de la sélection.
Altria
Kay.
Kay
Ahhh.
Altria
Est-ce que c’est l’épée qui choisira le roi ?
Kay
Oh, épée de la sélection, choisis-moi ! Ughhh !
Alors cette chose me dit que je ne suis pas digne de devenir roi ?
[Même ce preux chevalier n’y arrive pas ?]
[Je me demande si le nouveau roi va vraiment apparaître…]
Kay
C’est une épée que personne ne peut retirer, un artefact qui n’existe que pour nous tourmenter.
Le nouveau roi sera désigné par un tournoi.
Altria
Vraiment… ?
Kay
C’est la meilleure façon de décider qui montera sur le trône.
Altria
Même si le roi n’a pas été choisi par l’épée ?
Kay
La capacité à régner n’est pas quelque chose de visible. Il est bien plus humain de mesurer la puissance d’un homme avec ses mains et sa fortune.
Il sera plus facile pour nous de définir des objectifs en accord avec nos intérêts. Personne ne veut voir ou même devenir un « envoyé de Dieu qui sauvera la Bretagne. »
Altria
Kay, est-ce que tu le penses vraiment ?
Kay
Bien évidemment. Tu devrais retourner auprès de Père avant que l’on ne commence à se moquer de ton corps féminin trop frêle qui peut à peine tenir une épée.
C’est compris ? C’est ta première et dernière chance. Retourne à la maison.
[On dirait que l’on va décider qui sera le roi lors d’un tournoi, allons voir ça !]
[Est-ce qu’on devrait y aller ?]
[Alors la prophétie de Merlin n’était pas vraie…]
Altria
Que personne ne veut voir ou devenir…
Altria
Pourquoi ai-je vécu en tant qu’homme sous le nom d’Artorius ?
Pourquoi m’a-t-on appris à me battre à l’épée ? Pourquoi m’a-t-on enseigné tant de choses à propos de ce pays ? Et pourquoi m’a-t-on appris à renier mes désirs humains ?
C’est évident.
Tout avait été fait pour préparer ce jour.
La jeune femme avait un cœur un bienveillant pour retirer l’épée du roi.
Elle ne connaissait pas le visage de ses parents.
Elle était née dans le but de créer un « roi idéal ».
En vérité, elle ne ressentait pas la douleur infligée par la mort de son père, le roi Uther.
Elle ne ressentait également aucune émotion quant à la mission spéciale que le mage lui avait confiée au travers de ses enseignements.
Mais elle avait vécu ces quinze années paisibles, jour après jour, auprès de son père adoptif, Sir Éctor, de son demi-frère Kay, et des voix chaleureuses des habitants de la ville.
C’était un sentiment différent de l’admiration ou de l’amour.
Seulement, cela résonnait en elle comme quelque chose de juste et beau.
Elle ne souhaitait pas devenir une habitante de cette ville ou un membre de cette communauté.
Lorsqu’elle s’imaginait ces scènes, elle les effaçait de son esprit avec tendresse.
Elle savait qu’elle allait perdre tout cela. Elle le savait du plus profond de son cœur.
Lorsqu’elle était enfant, elle n’était pas particulièrement brillante, mais elle travaillait dur. Ainsi, elle se disait que tout cela n’arriverait jamais.
Tout comme les humains naissent pour être humains…
…les dragons, eux, naissent pour exaucer les vœux.
Altria
Je te remercie, Kay…
Mais… pardonne moi.
Merlin
Tu devrais réfléchir un peu avant de retirer cette épée.
Altria
Vous m’avez surprise. C’est la première que nous nous rencontrons en dehors d’un rêve, n’est-ce pas, Merlin ?
Merlin
Crois-moi, il vaut mieux que tu t’arrêtes là. Tu arrêteras d’être humaine lorsque tu retireras cette épée.
Mais tu seras aussi haïe par tous les humains et tu connaîtras une mort terrible.
Altria
Non…
Merlin
En es-tu sûre ?
Altria
Beaucoup de personnes souriaient… Ce chemin… Je suis certaine que ce n’est pas le mauvais.
Merlin
Oh, alors tu as retiré l’épée ? Tu as fini par choisir le chemin le plus difficile.
Malgré tout, les miracles ont un prix qu’il est nécessaire de payer.
Ô Roi Arthur, échangeriez-vous cela contre votre bien le plus précieux ?
3. – Sire Kay / une histoire des chevaliers
Kay
Cinq ans. C’est à ce moment que nous devînmes une famille.
Cinq, c’était son âge, pas le mien.
Au premier regard, je sus immédiatement qu’elle serait belle, mais Père me dit : « Traite-la comme un frère. » Et c’est ce que je fis.
Seulement, il n’y avait aucune chance de voir ce secret en rester un.
Sa Majesté Uther avait eu l’idée de créer un héritier qui ne serait pas humain.
Un hybride entre un dragon et un homme…
…au corps modelé comme celui d’un humain ; l’incarnation d’un roi.
Le sang de sa Majesté Uther et le sang d’un dragon. Pour les lier ensemble, il lui fallait une femme au sang bleu.
Une union sans une once de romance, que seul le résultat motivait.
Comment ? Vous pensez qu’il y avait de l’amour là-dedans ? Vous le pensez sérieusement ?
C’est exactement parce que vous ne pouvez comprendre cela que vous êtes inhumain.
Et c’est ainsi qu’Altri— que le Roi Arthur naquit.
On appela cela une fertilisation conceptuelle, dans des termes magiques.
Mettre les capacités d’un dragon dans un être humain sans altérer sa croissance.
Personne ne pouvait grandir normalement après une telle chose, mais il faut croire qu’elle était déjà différente sur ce point.
C’est difficile à croire maintenant, mais elle n’était pas si différente des autres filles de la ville. Une fois mêlée aux autres, elle devenait comme eux. C’était une fille de la ville, une simple fille de la ville.
Ah, mais elle était mauvaise perdante.
Ce n’était pas gagner ou perdre face à quelqu’un qui la rendait comme cela…
Elle refusait simplement de céder face à sa propre faiblesse.
Lorsqu’elle essuyait une défaite, elle levait rapidement la tête et continuait.
Inébranlable lorsqu’elle allait de l’avant, et pourtant blessée si facilement.
Peut-être qu’elle ne pouvait ignorer certaines choses car elle était trop obéissante.
Cette fille avait été élevée strictement par mon père pendant dix ans.
Alors bien sûr, elle allait devenir un roi idéal. Mais ce fut difficile pour moi.
Son histoire après qu’elle ait retiré l’épée de la sélection— vous pouvez certainement la raconter mieux que moi.
Lorsqu’elle eut terminé son entrainement visant à maîtriser l’épée de la sélection, Caliburn, elle commença à porter son titre de Roi.
Puis elle engagea la première des onze batailles que nous disputâmes contre les Saxons.
Elle vainquit le cruel Vortigern…
…et forma notre château, Camelot.
Puis dix années passèrent.
Il n’y a rien eu de monotone pour vous et moi.
Vous couriez après les femmes en vous déclarant conseiller du roi, et je courais après la croupe d’une femme tout en remplissant mon devoir de Chevalier de la Table Ronde…
…tandis que le Roi Arthur rassemblait autour de lui des seigneurs séparés par les querelles et menait à bien les campagnes contre les Saxons.
C’était en effet un règne prospère et paisible.
Et comme l’avait souhaité en son temps sa Majesté Uther, un roi parfait était né.
Pendant ce temps-là, nos inquiétudes vaines s’amoncelaient.
Aucun chevalier ne prenait la peine de lui demander si elle était vraiment une femme.
Même après tout cela, aucun d’entre nous n’avait vraiment accepté le Roi Arthur.
Ceux qui rêvaient d’un « roi parfait » ont commencé à la blâmer lorsqu’ils se sont rendu compte que leur idéal ne pourrait pas sauver absolument tout le monde.
Et en voici le résultat.
Lorsque le Roi Arthur partira pour Rome, Mordred l’attendra avec une armée déjà levée.
Quant à moi, je ne supporte plus l’idiotie de ces conflits internes.
En parlant de motivations inappropriées, j’ai ordonné la retraite.
Vous voulez finalement savoir ce que je pense du Roi Arthur, c’est cela ?
Dès son plus jeune âge, mon père passait la plus grande partie de la journée à l’entraîner et à l’éduquer comme un roi.
Et elle passait le peu de temps libre qu’il lui restait à dormir, s’occuper des chevaux et patrouiller en ville.
Elle n’a jamais pu vivre ce qu’elle cherchait à protéger.
Y avait-il quelqu’un d’autre capable de me faire frémir ainsi ?
Je suis un homme qui couperait la tête d’un géant si l’on me le demandait, mais elle était capable de me faire tressaillir.
Lorsque nous vivions avec Père, elle me dégoutait tant que je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander…
« Dis, quand est-ce que tu dors ? »
« Ne t’inquiète pas, mon frère. Je dors de l’aube jusqu’au lever du soleil. »
Elle m’a répondu cela en souriant. De l’aube jusqu’au lever du soleil. Ça ne représente même pas trois heures.
Quelques jours plus tard, je vous ai rencontré et j’ai appris une vérité que j’aurais préféré ignorer.
Cette fille— même dans son sommeil, un succube qui était mage faisait d’elle un roi.
Quelle blague. En réalité, elle ne dormait pas vraiment.
À cause de cela, maintenant que je vois le pays au bord de l’effondrement, je me demande…
« Foutaises. Pour quel souhait était-elle prête à aller si loin ? »
4. – Sous le Ciel Étoilé
Merlin
Après la chute de Vortigern, le Roi Arthur ordonna la reconstruction de l’ancienne citadelle qui avait été détruite.
Malgré cela, le futur de la Bretagne demeurait vague.
La vie quotidienne ne la population ne changeait pas, et les ténèbres infectaient progressivement le cœur des gens.
« Le Roi Arthur n’était-il pas censé être notre lumière ? »
« Celui dont nous n’aurions qu’à suivre les paroles pour mener notre pays à la prospérité ? »
Altria
Je ne pouvais qu’être réprimandée.
Nous avons été forcés d’importer des produits agricoles à cause des programmes de cette année.
Je vais de nouveau avoir besoin de l’aide de Sire Lancelot.
Merlin
Cette île avait toujours été pauvre. Tout le monde pensait que la défaite de Vortigern l’Usurpateur apporterait la paix.
Et pourtant, il en fut autrement. Les humains adulent comme ils détestent tout ce qui brille.
Tant que le roi Arthur restera un souverain idéal, le peuple dépendra de lui comme il lui crachera dessus.
Merlin
Vous devrez ignorer leurs paroles ou les écraser pour régner.
Vous n’obtenez qu’injustices et rebondissements.
Et pour autant, plus il y en a, plus la vie quotidienne de la population se stabilise.
Altria
Alors… plus je souffrirai, plus le pays prospèrera. C’est bien ce que vous dites ?
Merlin
Oui. Vous le saviez, n’est-ce pas ? Vous le saviez lorsque vous avez retiré l’épée de la sélection.
Altria
En effet. Et c’est pour cela que je peux dire avec fierté que nous faisons les bons choix.
Regardez-moi, Merlin. Demain ne sera peut-être pas le jour promis, mais je peux affirmer que ce pays deviendra grand et qu’il n’aura rien à envier au légendaire Avalon.
Merlin
C’est à ce moment que le mage réalisa l’erreur qu’il avait commise.
Ce qui lui importait vraiment, ce n’était pas d’être roi.
Elle avait retiré l’épée dans l’intérêt du peuple. Depuis le début, son règne n’avait été motivé par aucune fierté personnelle.
L’erreur du mage et du vieux roi Uther.
Dès qu’il eut perçu la différence entre leur souhait et le sien, le mage sut qu’elle était condamnée au désespoir.
Quoi qu’il advienne de son règne, elle le regretterait. Quand cela arrivera, guide-la simplement, se dit-il.
Le mage se sentit honteux d’avoir été si aveuglément confiant.
Il tenta de changer la route prise par le roi pendant qu’il en était encore temps, mais…
Il était déjà trop tard.
5. – Sire Gauvain / une histoire des chevaliers
Gauvain
Je n’ai jamais douté du pouvoir du roi.
Il était la personnification du chevalier idéal.
Il me suffisait de le voir combattre à l’avant-garde, lorsque je l’accompagnais, pour me convaincre de l’avenir radieux de la Bretagne.
Seulement… il n’y eut qu’une seule fois…
Il n’y eut qu’une seule fois, lors d’un combat, où j’eus peur de voir le roi être vaincu ; je ne parvins qu’à rester en retrait pour le regarder de dos.
Vortigern, le dragon démoniaque.
Il incarnait à lui seul les forces obscures cherchant à détruire la Bretagne.
Les soldats lancés sur Vortigern s’évaporaient en un unique coup de sa part.
Même l’éclat de mon épée sainte, Galatine, avait été dérobé.
L’épée sainte du Roi, Excalibur, ne luisait plus que comme un feu de camp affaibli.
La bataille dura des heures.
Le rugissement du dragon démoniaque attirait de nombreux nuages qui détruisaient toujours plus.
Le cou du dragon portrait les traces des armes des chevaliers, de la chair morte et des débris de la citadelle.
… Le roi savait probablement…
… que Vortigern incarnait la Bretagne elle-même.
Gauvain
Votre Majesté, le corps de l’ennemi est la Bretagne elle-même.
Même nos épées saintes ne nous apporteront pas la victoire. Nous devons battre retraite pour le moment !
Altria
Je vais avoir besoin de votre aide encore quelques instants, Sire Gauvain.
Gauvain
Sire ?!
Altria
Nous sommes seuls ici. Que vaudraient les porteurs d’épées saintes s’ils ne pouvaient pas faire taire les accès de colère de l’île ?
Gauvain
Votre Majesté ! J’ai piégé l’une des mains du dragon démoniaque !
Altria
Bon travail, Sire Gauvain ! Si je tranche l’autre, il ne pourra plus s’échapper en s’envolant.
Gauvain
Mais nous sommes désarmés, sire !
Est-ce… ?!
Altria
Par la lumière transcendant la dernière des frontières…
Gauvain
Qu’est-ce que cette lance scintillante ?!
Altria
… tranchant le ciel et contraignant la terre…
… déchaîne ta furie, Rhongomyniad !
Altria
Vortigern…
Vortigern
Inconscients… Vous mettriez ce pays à feu et à sang pour en vaincre le tyran.
Ô fils de mon jeune frère Uther, tu ne sauveras pas ce pays.
Et ce— Et ce parce que l’Âge des Mystères a déjà pris fin.
Désormais, c’est celui de la civilisation, l’Âge des Hommes.
L’essence de ton pouvoir est incompatible avec les humains.
Tant que tu existeras, la Bretagne n’aura pas d’avenir.
Maudit sois-tu, l’ancienne Bretagne est tombée il y a bien longtemps.
Gauvain
Lorsque le Roi retira sa lance du corps du vieil homme…
Un rire capable de secouer une ville entière et de la réduire en poussière retentit.
Lorsqu’on déclara la fin de la guerre, le Roi brilla plus que jamais.
Tous ceux qui purent admirer cette figure rayonnante se souvinrent éternellement de son pouvoir.
On vit à quel point cette bataille avait été divine.
Notre pays était meurtri, mais tant que nous avions le Roi Arthur, nous n’avions peur de rien.
6. – Crépuscule
Merlin
Lorsque le roi eut complété la construction de Camelot et que les sièges de la Table Ronde furent pris, le roi accueillit la Reine Guenièvre.
Guenièvre connaissait la vérité, mais elle soutint pleinement le Roi et remplit son devoir de reine.
À cette époque, de nombreuses histoires à propos de la Table Ronde se répandaient dans tout le pays.
En réalité, Camelot était toujours rempli de sourires et d’espoir, et ce qu’importe la terne situation de la Bretagne.
Alors que le peuple croyait que cela était dû au prestige du Roi Arthur…
Les chevaliers disaient fièrement que c’était grâce aux efforts réalisés par tout le monde.
Mais le Roi était le seul à regarder la dure réalité.
Aucune floraison n’est éternelle.
Même si la situation à Camelot était salutaire…
… le déclin de la Bretagne avait déjà commencé.
Altria
Donc… vous dites que la sécheresse et de la pauvreté n’étaient pas uniquement dues aux envahisseurs ?
Merlin
Malheureusement.
C’est aussi car cette île est bien éloignée du continent.
Mais elle reste imprégnée d’un air antique…
… et ce malgré la disparition progressive de la magie sur cette planète.
C’est pour cela que les Pictes, les dragons et les succubes existent toujours.
Et les habitants de la Bretagne sont aussi inclus dans cette catégorie.
Altria
Vous dites que mon peuple est similaire à ces créatures ?
Merlin
Il n’y a pas que les étrangers qui sont considérés comme des envahisseurs.
La terre elle-même est en train de se transformer.
Les mauvaises récoltes continueront probablement tant que vous serez en vie.
Altria
Dans ce cas, devrions-nous changer de mode de vie ?
Cultiver des graines importées, accepter de mêler d’autres sangs au nôtre, changer notre façon d’exister sur cette île ?
Merlin
Je dis simplement que c’est l’une des solutions…
Altria
Quoi qu’il arrive… il nous faut plus de temps.
Si nous devons procéder à des maintenances ou changer des choses…
… il faudra le faire après avoir arrêté l’invasion barbare.
Merlin
Vous pensez avoir une chance de les vaincre, Roi Arthur ?
Altria
Absolument.
Préparez les navires. Nous éliminerons tous les ennemis qui oseront mettre le pied sur la Bretagne.
Merlin
C’était la douzième bataille à laquelle le Roi Arthur prenait part. La phase finale approchait.
C’est ainsi que le voyage décisif des soldats débuta.
Pas un jour ne passait sans que l’on ne convoque un conseil de guerre.
Et pas une nuit ne passait sans que l’on ne monte un campement.
Montrer qu’elle était prête à combattre à n’importe quel instant était probablement une façon de réaffirmer sa détermination.
Pour préparer les batailles, il était nécessaire de se débarrasser de beaucoup de personnes.
Nous avions quitté nos foyers pour mener une campagne nécessaire contre nos ennemis.
Afin de protéger l’entièreté du pays, il n’était pas rare de réquisitionner un ou plusieurs villages pour préparer l’arsenal.
Altria
Ce sont des mesures nécessaires pour remporter la bataille à venir. Soutenez votre Roi !
Merlin
Il n’y avait probablement aucun chevalier qui n’avait plus tué qu’elle, aucun qui n’était plus détesté qu’elle.
Malgré cela, elle n’hésitait pas sur le champ de bataille.
Lorsqu’elle s’asseyait sur le trône pour se reposer, elle fermait ses yeux emplis de tristesse.
Sauver tout le monde équivaut à écarter ses émotions humaines.
Puis, après d’innombrables victoires…
« Le Roi Arthur ne comprend pas les sentiments des autres. »
Un chevalier de la Table Ronde avait murmuré ceci avant d’abdiquer.
Après cet événement, plusieurs chevaliers retournèrent sur leurs terres de leur propre chef.
Le roi accepta cela, sachant que c’était une issue inévitable…
… et il leur confia l’administration de leurs terres.
S’ils y restaient, ils pourraient être utilisés comme des appâts selon le dénouement de la guerre contre les envahisseurs.
Mais cette mesure ne réussit qu’à effrayer encore plus les chevaliers.
Suivant ainsi le code d’honneur chevaleresque, le roi s’isola.
Mais elle ne dévia pas de sa mission.
Elle quitta Camelot un an après cela.
Le Roi Arthur émergea victorieux d’une bataille décisive avec les envahisseurs.
C’était un résultat naturel.
Les chevaliers combattaient tous pour apercevoir la lumière du lendemain.
Mais elle combattait pour obtenir la victoire en utilisant toutes les stratégies à sa disposition.
C’est ainsi qu’un pays au bord de la destruction put obtenir un court instant d’une paix véritable.
… Ce qui vient après est une histoire bien tragique.
Elle confia le secret de cette l’île à un secrétaire auquel elle pensait pouvoir faire confiance.
Puisque l’île perdait peu à peu sa magie, il lui conseilla de partir à la recherche d’un miracle au moins aussi grand qu’elle.
Le roi accepta cette idée.
Et le reste appartient au mythe, celui de la quête du calice de la Table Ronde.
De nombreux chevaliers partirent impatiemment à la recherche de la coupe dorée dont le roi avait parlé, mais ils revinrent toujours les mains vides.
Puis, dix années après l’accession au trône du Roi Arthur…
… la liaison entre la Reine Guenièvre et Sire Lancelot fût finalement découverte.
7. – Sire Lancelot / une histoire des chevaliers
Lancelot
Lorsque nous revînmes au château de mon domaine et arrivâmes dans ma chambre, le sommeil s’empara de la Reine.
Ses joues portaient encore la trace des larmes qui furent versées.
… Les autres chevaliers ignoraient à quel point la Reine admirait et supportait le Roi.
Trahison.
Son cœur pur fut teinté par l’infamie de l’infidélité.
Il ne faisait nul doute que, même à travers ses rêves, elle continuait de demander le pardon du Roi.
Je m’assis sur le lit, toujours revêtu de mon armure.
Connaissant la situation actuelle du Roi, ma loyauté m’imposait d’au moins rester en armure jusqu’au retour de l’expédition de Rome.
La nuit fut longue.
Jusqu’au réveil de la Reine, je songeais à ce qu’elle m’avait raconté sur la vie du Roi.
Seules quelques personnes connaissaient sa véritable identité.
Elle s’était formellement drapée de fer et avait scellé ce secret durant toute sa vie.
Évidemment, plusieurs personnes avaient leurs soupçons sur sa vraie nature.
Cependant,
Le Roi, détenteur de l’Épée de la Sélection, ne pouvait vieillir ou être blessé.
L’épée sacrée avait la protection des esprits du lac,
Accordant à son porteur longévité et jeunesse éternelle.
En effet, le Roi était invincible.
Par conséquent, personne ne mettait en cause l‘identité de ce dernier.
Je suis un chevalier originaire d’un autre pays.
Un chevalier français croyant qu’il quitterait un jour son propre pays afin d’obtenir la main de la demoiselle qu’il aimait si celle-ci se trouvait être en péril.
Pour cette raison, je sacrifiai mon honneur, mais cet acte me permit d’observer la Table ronde sous un nouveau jour.
« Le Roi Arthur ne comprend pas les sentiments des autres. »
Après avoir prononcé ces mots, Sire Tristan quitta la Table ronde.
La fatigue du Roi devint apparente.
La Reine était inquiète pour lui.
Et je partageais aussi ses craintes quant au fardeau porté par ce dernier.
Nous discutâmes, fîmes connaissance et apprîmes à nous fier l’un à l’autre.
J’appris ensuite de sa bouche le secret sur la véritable identité du Roi,
La solitude de la Reine,
Et ma propre insensibilité.
À ce moment-là, j’étais rempli de colère.
Une fureur dirigée contre tout ce qui était pur.
J’éprouvais une rage incontrôlable envers l’île de Bretagne elle-même.
Le chevalier qui s’était élevé au rang de secrétaire, Agravain, connaissait le secret du Roi.
Il s’en servit afin de menacer la Reine.
Lorsqu’elle subit cette insulte,
Je me résolus alors quant à mon choix.
Je pourfendis de nombreux chevaliers, ôtai la vie d’amis,
Et pris la fuite vers mes terres.
J’étais un traître coupable d’adultère, devenu une bête infâme qui ne pouvait même plus porter le nom de chevalier.
… Mais cela m’allait.
L’homme clamait ceci en son for intérieur.
Tout cela afin d’être avec la femme que j’aimais.
Néanmoins… Le Roi m’accorda son pardon.
Altria
Mon ami, mon orgueil, mon chevalier idéal.
Si vous avez jugé qu’il était approprié de commettre de tels actes, c’est que votre cause doit être juste.
J’ai foi en votre sincérité.
Lancelot
Au moment où je vis cette lettre de pardon, je sus que mon âme s’enfoncerait dans la folie.
J’anticipais une fin douloureuse.
Impossible…
Mais le Roi me pardonnait réellement.
Il offrait à la Reine et moi-même sa bénédiction.
Si j’avais été à sa place, aurais-je pu pardonner l’homme m’ayant trompé ainsi ?
Non, cette question n’avait pas lieu d’être…
Pour commencer, le Roi était différent de nous.
Il n’était pas humain et n’avait pas été élevé comme tel.
Et pourtant, elle essayait de vivre droitement comme l’un d’eux.
Même après avoir échoué à ressentir une joie humaine, elle continuait d’aimer le bonheur de son peuple.
Elle était assurément un monstre,
Encore plus terrible que Vortigern.
C’est pourquoi les autres ne pouvaient la comprendre et la craignaient.
Je continue de respecter et d’admirer le Roi.
Mais je ne peux l’accepter, je ne dois pas accepter sa manière d’être.
Si je qualifie cette façon de vivre de “magnifique”, cela ferait de moi l’égal du chevalier ayant autrefois quitté le château.
La peur naissante dans mon cœur deviendra un jour colère, puis haine,
Et me contraindra à maudire ce Roi idéal pour toute l’éternité.
C’était un futur épouvantable, mais une punition appropriée pour une personne comme moi.
8. – Le Départ
Merlin
C’était une aube cérémoniale.
Le port était agité par les préparations de la grande flotte.
Le mage et elle, loin de toute cette animation sur les quais, avaient leur dernière discussion.
Merlin
Enfin, l’expédition pour Rome.
Altria
Oui, nous attaquerons en premier, puis nous négocierons.
Merlin
Vraiment, comme à ton habitude, tu détestes perdre.
Altria
Nous avons aussi reçu de nombreuses doléances, nous serons donc impitoyables.
Après les avoir réprimés, nous leur proposerons les conditions de paix.
Merlin
C’est une bonne chose.
« Cependant, la Bretagne est un pays destiné à sombrer un jour ou l’autre.
Ou devrais-je plutôt dire qu’il est déjà sur son déclin. »
Que ferais-tu si je commençais à déclarer cela ?
Altria
Je serais plus furieuse que pour tes plaisanteries habituelles.
La Bretagne ne chutera pas. Je fais tout mon possible pour éviter cela.
Merlin
Ah, c’est vrai. J’oubliais quelque chose de récent.
Je ne peux railler les humains.
Hmm, une histoire si jeune semble tout de même si ancienne.
Uther et moi avons élevé un roi idéal,
Je pense que c’était une bonne chose.
Cependant, ce qui arriva par la suite différait de ce à quoi nous aspirions.
Nous cherchions un roi idéal alors que tu cherchais le bonheur de ton peuple.
Depuis le départ, ce que nous voyions était différent.
Il aurait été préférable que je remarque cette différence plus tôt.
Altria
Merlin ?
Merlin
Ce n’est rien. Tout ira pour le mieux.
Altria
Il est temps de partir.
Merlin
Désolé, mais je dois rester ici. J’ai fait une petite erreur et je vais devoir me faire discret pendant quelque temps.
Altria
Quand bien même je t’ai répété à maintes reprises de ne pas t’attirer le courroux de la gente féminine,
Peu importe le nombre d’années qui passent, cette partie de toi ne changera jamais.
Merlin
Tout simplement car il s’agit de ma principale raison de vivre.
Que vaudrait une vie sans fleurs ?
Altria
Franchement…
Merlin
Au mage qui parlait fièrement… Elle adressa un sourire affectueux.
Il est vrai, le mage l’avait déjà vue sourire à maintes reprises,
Cependant, elle n’avait jamais souri pour elle-même.
Quand cette fille voyait les gens heureux, elle souriait du plus profond de son cœur.
Altria
Merci, Merlin. Je te suis reconnaissante.
Tu as été un excellent mentor.
Je n’ai, contrairement à toi, jamais eu d’affaire avec une personne du sexe opposé,
C’est pourquoi je ne sais pas vraiment comment exprimer ces sentiments.
Pour avoir été là, pour m’avoir accompagnée pendant ces nombreuses années, je te suis reconnaissante.
Il se pourrait que je sois tombée amoureuse de toi.
Merlin
Le Roi ne rougit pas, et la jeune femme en elle nen fût pas plus gênée.
Elle exprimait simplement, à cœur ouvert, ses pensées insignifiantes.
Évidemment, ce n’était pas de l’amour,
Elle essayait seulement de formuler ses pensées égarées, voulant uniquement montrer ce qui était pour elle la plus haute forme de gratitude.
Leur dernière conversation prit fin.
À bord du bateau se trouvait le Roi qui partait vers la mer dorée.
Lorsqu’il vit cela, le mage entama un monologue.
Je ne comprends pas l’amour humain.
Altria, elle ne connaît pas encore l’amour humain.
Nous deux, parlant d’amour, y a-t-il une limite à l’ironie ?
Non, n’en serait-ce pas la conséquence naturelle ?
Deux non-humains essayant d’imiter les humains.
Une tentative vouée à l’échec.
9. – Le Jour de Camlann
Soldats
[Une grande victoire !]
[Maintenant, les hostilités prendront fin !]
[Je pourrai rentrer chez moi après cette bataille !]
[Oui, ma famille m’attend !]
Altria
Nous avons conclu un traité avec Rome.
Tant que je serai en vie, du moins, ils ne nous attaqueront pas.
Soldats
[Oh !]
Des nouvelles de Sire Mordred, il a entamé une rébellion !
Sept des huit princes ont subi plusieurs défaites et rapportent que Camelot est tombé.
Merlin
C’est ainsi qu’il annonça sa vengeance haineuse.
Fils de Morgan, imitation du Roi Arthur, un enfant imprévu.
Mordred.
Il… Non. Elle fomenta une insurrection et profita de l’absence d’Arthur pour réduire Camelot à l’état de ruine.
Elle réunit une armée sur le littoral afin d’éliminer Arthur à son retour.
Le monde désignera plus tard cet événement comme la dernière bataille du Roi Arthur.
Un champ de bataille où la fleur perdra ses pétales au coucher du soleil.
Un monument consacré au corps qui verra sa radiance faiblir.
Le bataille sur la colline de Camlann.
L’armée de Mordred attendait le retour de l’armée d’Arthur, épuisée par l’expédition de Rome, pour lui tendre une embuscade.
Malgré cela, Arthur parvint à débarquer grâce aux efforts de Gawain et Kay qui étaient restés en Bretagne.
Une guerre qui s’étendait à travers l’île entière et qui infligerait des cicatrices irréversibles à toutes les terres du pays.
Cette situation. Cette répétition de retraites et poursuites.
Elle connaissait la cause de cette rébellion.
Les chevaliers ayant consenti au soulèvement de Mordred étaient à présent unis dans leur haine envers le Roi Arthur.
D’innombrables guerres.
Des terres asséchées.
Des enfants affamés.
Le peuple ayant enduré ce supplice criait qu’il ne pouvait plus continuer.
Altria
« Ces mesures sont nécessaires pour la bataille à venir. Je veux que vous m’accordiez votre soutien. »
Merlin
Elle demanda ceci aux chevaliers.
Le Roi était assurément un souverain idéal.
Si chacun pouvait vivre vertueusement, il ne faisait nul doute que le pays deviendrait prospère.
Cependant, quel en serait le coût ? Combien d’années devrons-nous endurer avant de recevoir cette récompense ?
Altria
« Tout le monde est à sa limite… Serait-il acceptable que je… ? »
Merlin
Le Roi était un souverain idéal.
Cependant, parce qu’elle était idéale, elle ne pouvait mesurer la faiblesse de son peuple.
N’importe qui pouvant la voir à ce moment-là aurait compris.
Que son cœur, à cet instant précis, s’était brisé.
Au septième jour du conflit,
La bataille atteignit la colline de Camlann.
La lutte entre les deux armées se poursuivit jusqu’au coucher du soleil.
Les deux camps s’anéantirent l’un l’autre jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une montagne de dépouilles.
Sur cette colline imbibée de sang, elle se rappela les mots d’un certain chevalier.
« Le Roi ne comprend pas les sentiments des autres. »
Indéniablement, elle l’admit alors qu’elle rassemblait les morceaux de son cœur brisé et préparait sa lance.
L’épée sacrée avait même perdu son éclat.
Lorsque son cœur se rompit, cette étoile sur Terre se figea.
Seuls deux chevaliers demeuraient à présent sur le champ de bataille.
En face du Roi se trouvait une armure d’apparence singulière.
Une épée de sang bouillant, Clarent.
Le chevalier qui la maniait avait l’allure d’un spectre.
Le fantôme, avide de ce qui l’avait mené à usurper le trône et tuer d’innombrables soldats, dit :
Mordred
Enfin, Roi Arthur.
Altria
Mordred.
Mordred
Il m’aura fallu du temps pour arriver jusqu’ici. J’ai parcouru tout le champ de bataille.
Qu’en penses-tu ? Avec ceci, ton pays n’est plus. Il n’est plus rien.
Que je triomphe ou que tu triomphes, il ne restera rien.
Pourquoi me dénies-tu le trône ?
Pourquoi ne me reconnais-tu pas en tant que fils ?
Pourquoi suis-je née avec cette apparence ?
Réponds-moi ! Pourquoi !?
Merlin
La lance sacrée d’Arthur perça les entrailles du chef de la rébellion.
L’épée maudite du responsable de l’insurrection, alors mourant, trancha une partie de la tête du Roi, emportant avec lui toute chance de survie ainsi qu’un de ses yeux.
Le Roi Arthur… Altria utilisa son épée sacrée en tant que torche pour que tous puissent la reconnaître sur cette colline.
… Sûrement un visage que personne ne voulait voir.
Elle se mordit la lèvre de toutes ses forces afin de réprimer son envie de pleurer.
Le chagrin s’empara de sa respiration rauque.
Elle vit la fin de la Bretagne.
Et cria…
Altria
J’ai mené tellement de combats, ôté tellement de vies.
C’est pour cette raison que j’avais accepté une mort plus cruelle que celle des autres.
C’est pour cette raison que j’avais accepté de périr haïe de tous.
Mais malgré cela…
Je n’étais pas supposée être la seule ?
Une personne autre que le Roi aurait à subir le même sort ?!
Ce n’était pas prévu.
Ce n’aurait pas dû se passer comme ça !
Ce n’était pas la fin que je poursuivais !
La fin de la Bretagne… Je savais cela….
Mais malgré cela, je voulais espérer qu’il y ait une conclusion plus paisible, comme dans un rêve…
C’est injuste.
Absolument injuste !
Moi, qui avais accepté ma propre mort, je… Je ne peux accepter ceci !
Merlin
Emportée par un ouragan de frustration, elle entendit une voix.
[Un contrat t’est proposé.]
[En échange de la réalisation de ce vœu,]
[Ton âme sera récupérée à ta mort.]
Quel était le sens de ces mots, elle ne le connaissait probablement pas.
Néanmoins, le Roi se raccrocha à cela, répondant que le prix lui importait peu s’il s’agissait d’éviter cette fin…
Un audacieux miracle comme cela éveillerait des soupçons.
Mais le Roi, plein de haine envers la chute de la Bretagne, renia son propre salut.
Sa quête du Saint Graal venait de débuter.
Elle tomba dans un cycle éternel, privée de son salut.
10. – Au Jardin
Fou
Fou~
Merlin
Ah ! Il semblerait donc que je sois pris au piège.
Quelle cage peu raffinée,
L’artisan responsable de ce travail semble peu habile pour les détails.
L’homme prit le bâton reposant sur son épaule et frappa le sol de son extrémité.
Soudain, l’objet se durcit et changea.
Même après s’être métamorphosé en beffroi, le bâton ne se brisa pas.
Il n’y avait rien de semblable à une quelconque entrée.
La tour se situait dans un lieu isolé du monde extérieur.
Seul en son sein, le mage choisit, sans raison particulière, de contempler le chemin sur lequel l’avait mené le péché commis de son vivant.
Il s’assit sur un rocher et porta son regard sur l’extérieur.
Il voyait cette colline détruite.
L’homme savait où et comment elle était tombée.
Elle souhaitait,
Le salut de la Bretagne, non…
Le salut de son peuple égaré.
Et telle fut la conséquence.
Pour le Roi, le temps s’arrêta sur la colline de Camlann,
Elle était invoquée depuis l’abysse de la mort à travers toutes sortes d’époques, et dans chacune d’entre elles, elle revendiquait le Saint Graal.
C’était une situation singulière, mais elle vivait à présent comme un Esprit héroïque.
Si elle parvenait à mettre la main sur le Saint Graal, le contrat serait alors rempli.
Elle continuera sûrement d’exister en tant que gardienne, même après sa mort.
« Ainsi soit-il », pensa l’homme.
Mais une chose demeurait inacceptable.
La fille, sans réfléchir une seule seconde, décida qu’elle avait besoin du Saint Graal.
Elle essaiera probablement de recommencer le jour de la sélection.
Cela reviendrait à nier sa propre existence.
Un pacte destiné à effacer toute la souffrance et la lutte que la jeune fille nommée Altria avait vécu.
Ce vœu, même un mage inhumain comme lui pouvait affirmer qu’il s’agissait d’une faute.
Mais malgré cela, il savait à quel point elle était tenace.
Peu importe les conséquences, elle parviendra assurément à mettre la main sur le Saint Graal.
Et même dans le cas où elle ne l’obtiendrait pas, elle parviendra quand même à réaliser son souhait.
À quel point l’espoir d’un futur privé de salut peut-il être douloureux ?
Dans le jardin des fleurs, le temps n’existait pas, mais il semblait s’être à présent arrêté.
Chaque seconde semblait être une éternité insoutenable.
Chaque seconde lui donnait envie de détourner son regard.
Et pourtant…
11. – Sire Bedivere / une histoire des chevaliers
Bedivere
Le combat prit fin.
Le crépuscule teintait le ciel de la couleur du sang qui avait coulé.
À présent, seules les ténèbres de la nuit dominaient le champ de bataille.
La colline était recouverte de dépouilles.
Un chevalier haletant courait…
Ses mains agrippaient fermement les rênes.
Et son cheval blanc poursuivait sa course avec ferveur malgré ses blessures.
Les seuls survivants étaient le cavalier, sa monture blanche et…
Et ce roi qui était allongé sur le dos du cheval.
Bedivere
Ne vous endormez pas !
Si nous atteignons cette forêt, alors…
Le chevalier s’élançait vers ces bois qui n’étaient pas gorgés de sang.
Il était au courant de l’immortalité du Roi.
C’est pourquoi il était convaincu que si ce dernier pouvait se reposer dans un endroit calme, alors il guérirait.
Il n’avait d’autre choix que d’y croire.
Il ne se battait pas pour la prospérité de son pays.
Il portait son épée pour son Roi.
Pensant que ses services pourraient l’aider, ce même jeune homme était désireux de s’élever aux côtés de son seigneur.
Le Roi qui ne montrait à aucun son vrai visage.
Le jeune homme qui dissimulait ses sentiments et s’efforçait de rester juste.
« Si je reste près du Roi, peut-être pourrais-je voir son vrai visage », espérait-il.
Cependant, ce qui arriva fut l’exact opposé de son souhait.
Le Roi n’avait jamais souri pour lui-même.
Savoir cela l’enrageait, lui qui aspirait uniquement à ce que son seigneur soit un jour récompensé.
Malgré cela, le Roi était toujours seul.
C’est pourquoi le chevalier refusait d’accepter sa mort.
Lorsqu’ils arrivèrent dans la forêt, il prit le Roi dans ses bras.
Bedivere
Mon Roi, je vais chercher les troupes de ce pas, je vous conjure de tenir bon en attendant mon retour.
Altria
Bedivere ?
Bedivere
Seigneur !? Avez-vous repris connaissance… ?
Altria
Oui, je rêvais.
Bedivere
Un rêve… ?
Altria
Oui. Je n’ai pas souvent rêvé, c’était donc une expérience précieuse.
Bedivere
… Est-ce… Dans ce cas, détendez-vous et reposez-vous.
J’irai chercher les troupes pendant ce temps.
Altria
Ahh…
Bedivere
Votre Majesté… Vous ai-je offensée ?
Altria
Non, j’étais juste surpris par ta remarque.
Je ne savais pas qu’il était possible de rêver après s’être réveillé.
Dis-tu que je pourrai voir le même rêve si je ferme à nouveau les yeux… ?
Bedivere
Oui. Si vous le désirez vraiment, vous devriez pouvoir continuer ce même rêve.
J’ai déjà vécu la même chose.
Une telle chose est impossible.
Ce qui arrive une seule fois et de façon irrégulière est ce que les gens appellent un rêve.
Néanmoins, le chevalier ment.
Il demande pardon pour ce qui sera son premier et dernier mensonge envers le Roi.
Altria
Je vois. Tu es si instruit, Bedivere.
Bedivere. Prends mon épée.
Écoute.
Traverse cette forêt et passe par-delà cette colline ensanglantée.
Tu y trouveras un lac profond.
Jettes-y mon épée.
Bedivere
——! Votre Majesté, c’est… !
Altria
Va. Une fois ta tâche accomplie, reviens ici et raconte-moi ce que tu as vu.
Bedivere
Et ainsi, le chevalier prit l’épée et passa par-delà la colline, son esprit encore indécis.
Il se lamentait tellement du sort de son Roi qu’il fut incapable de jeter l’épée.
C’est pourquoi il revint de la rive du lac en direction de la forêt.
Cependant, le Roi avait déjà envisagé cela.
Quand le chevalier mentit en disant qu’il s’était débarrassé de l’épée,
Il lui répondit seulement « d’obéir à son ordre ».
Mais cela aussi prit fin.
Alors que le chevalier comprit qu’il ne pouvait changer la décision de son Roi,
Après avoir passé la montagne funeste,
Il jeta l’épée dans l’eau lors de son troisième voyage.
L’Épée sacrée était revenue au lac.
Lorsqu’il s’en retourna vers la forêt, passant devant la colline sanglante,
Le bois était baigné dans la lumière matinale.
Le champ de bataille, au loin,
Ne portait plus une seule trace du carnage s’y étant déroulé,
Et était bercé d’une lumière pure et douce.
Bedivere
J’ai jeté l’épée dans le lac…
Elle est retournée entre les mains de la Dame du Lac.
Altria
… Je vois. Alors tu peux être fier de toi.
Tu as obéi aux ordres de ton roi.
——- Je suis désolé, Bedivere.
Ce sommeil… sera… long——-
Bedivere
Pouvez-vous la voir, Roi Arthur… ?
… La suite de ce rêve——- ?
Les cieux sont hauts, et le ciel est clair et bleu.
À présent, la bataille est définitivement terminée.
Ces mots que je murmurais furent emportés par le vent.
Tout comme le ciel disparaît dans le bleu infini, le Roi dort en voyant un rêve lointain, si lointain.
12. – Au Jardin
Merlin
Oui !
Fou
Fou~ Fou~
Merlin
Magnifique, un véritable miracle !
Ce monde a tant changé, je n’aurais jamais imaginé qu’une telle conclusion puisse exister !
J’ignore ce qu’il s’est passé, mais l’histoire est enfin arrivée à sa fin.
Elle qui, à la fin de sa longue quête du Saint Graal, a accepté sa propre destinée.
Ce n’était pas la lassitude des batailles incessantes, ni l’abandon de sa quête.
Il ne faisait nul doute qu’elle avait réussi à obtenir le Saint Graal, et à ce moment,
Elle le rejeta de son propre chef !
Peu importe ce que quiconque puisse dire,
Le Roi a choisi la meilleure voie.
Cette conclusion, malgré sa ruine, n’est pas une erreur.
Elle avait mené une vie dont elle pouvait être fière.
Alors… Si elle l’a enfin acceptée, je n’ai plus de raison de quitter cet endroit.
Ce à quoi tu aspirais.
Ce que tu as laissé derrière toi.
Ce que tu m’as apporté.
Tout ceci est ma récompense.
Merlin
Néanmoins… Voir cette femme entêtée reconnaître sa défaire est stupéfiant.
Elle a dû faire une rencontre pour le moins singulière.
Cette rencontre a eu lieu… Je ne peux dire à quelle époque puisque je ne suis capable de voir que le présent.
S’il m’était possible d’au moins voir l’avenir, je pourrais me réjouir de ce futur dénouement.
Altria
« Merci Merlin. Je te suis profondément reconnaissante.
Tu as été un excellent mentor. »
Merlin
À ce moment-là, j’étais vraiment embarrassé.
Je ne pensais pas que le temps viendrait où ces mots insignifiants pourraient me faire tant de peine.
Bien qu’il s’agisse de la conséquence de mes propres actes.
J’ai déjà été témoin de ce qui devait être vu.
Non. J’ai contemplé quelque chose de bien plus merveilleux.
Va, Cath Palug.
Je suis bien ici.
Tu es libre, pars voir ce qui est réellement magnifique.
Fou
Fou~ !
Merlin
Le magicien, sans la moindre émotion,
Assista au départ de son dernier compagnon depuis sa fenêtre.
Dans un recoin lointain du monde, enfermé dans une prison.
Tel nul autre endroit dans le monde extérieur, une existence immuable où éclosent les fleurs, un jardin des mémoires.
Le jardin paradisiaque, le Jardin d’Avalon.
Un homme ayant oublié la mort attend, ici, jusqu’au jour où l’étoile s’éteindra.
Ainsi, l’histoire du Roi devint l’un des récits racontés dans ce paradis.
Commentaires du traducteur
Ma traduction de Garden of Avalon est principalement basée sur la traduction anglophone de Owlz, elle-même basée sur la traduction portugaise de Tancruz. Vous conviendrez ainsi que l’on multiplie les approximations et que cette traduction française est (très) loin d’être parfaite. Mais elle n’a pour but que de permettre aux francophones de saisir ce qu’il se passe dans cette histoire. Le style semi-poétique – parfois averbal – de certains passages fait de Garden of Avalon un exercice de traduction particulièrement difficile à réaliser. J’espère néanmoins avoir saisi le plus important et avoir su le retranscrire dans un langage plaisant. Je rappelle que la traduction n’a pas pour vocation de garder mot pour mot ce qui est originellement dit en japonais.
Je tiens à remercier les traducteurs originaux (évoqués plus tôt) et toutes les personnes m’ayant aidé à réaliser cette page.
Melloi, fondateur d’Archetype:Moon