24 avril 2024
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More Learning With Archetype:Moon! – Les Servants de Riyo

Nous sommes le 1er Avril, comme le veut la tradition Fate/Grand Order se voit offrir des artworks de l’artiste Riyo durant la journée ! Nous avons donc décidé de publier un article concernant cet artiste méconnu ainsi que ses Servants, en commençant par Paul Bunyan, un Servant de classe Berserker. Il s’agit, à l’instant présent, du seul Servant de Riyo sorti sur F/GO.


Berserker : Paul Bunyan

Le Servant Berserker de Riyo : Paul Bunyan.

Le Servant Berserker de Riyo est déjà une tête connue pour la plupart d’entre vous. Paul Bunyan, bûcheron géant du folklore américain et canadien, qui aurait remodelé le paysage nord-américain grâce à sa force surhumaine, accompagné de son bœuf bleu… Le personnage est sorti dans Fate/Grand Order, après tout. Simplement répéter l’histoire de Paul, telle quelle, n’apporterait pas grand chose.

Anecdote n°5 du profil de Paul Bunyan sur F/GO.

Utilisons donc Paul Bunyan comme tremplin pour nous pencher sur le concept de « fakelore ». Quécécé ? Eh bien, comme l’explique la capture d’écran ci-dessus, la légende de Paul Bunyan a principalement été fabriquée à l’époque contemporaine, ce qui nous fournit un excellent exemple de « fakelore » ou « pseudo-folklore ». Une histoire qui relève du fakelore se présente faussement comme un légitime élément culturel, qui aurait des racines dans la tradition orale ou écrite d’un peuple, d’une nation, ou d’une communauté, alors qu’elle n’a en réalité rien de tout cela.

Mais quel est le rapport entre Bunyan et cette notion de « fakelore » ?

Le terme fakelore nous vient de Richard Dorson, directeur de l’Institut du Folklore à l’Université d’Indiana, qui a créé ce néologisme en 1950. Le bon monsieur Dorson serait aussi l’une des premières personnes à l’origine du terme « légende urbaine ». Quand il a défini ce qu’est, à son sens, du fakelore, il a justement abordé le cas Paul Bunyan en tant qu’exemple majeur.

Les bûcherons de la zone des Grands Lacs avaient bel et bien quelques histoires imaginaires qu’ils se racontaient entre eux à propos d’un Paul Bunyan dans les siècles passés, mais ce furent un publicitaire et un écrivain, en 1916 et 1928 respectivement, qui eurent inventé de toute pièce la majorité du prétendu « folklore » associé à Paul Bunyan de nos jours.

Dorson expliquait de plus que ces ajouts n’avaient pas fait « qu’artificialiser » la légende de Paul Bunyan : ils avaient également considérablement dénaturé les traits du personnage tel qu’il était lorsqu’il ne s’agissait que d’une petite histoire confidentielle entre bûcherons. Le plus flagrant est sans doute la façon dont « fakelore » Bunyan avait été déformé en héros pour enfants. C’est tout de suite plus efficace pour vendre des livres de contes ciblant les touts petits, mais le personnage initial était bien plus bourru, rustre, vulgaire, voir moralement gris comparé à la version « Bisounours » créée par le marketing du 20ème siècle.

(D’ailleurs, il est possible que la décision de Riyo de faire de son Paul Bunyan un enfant soit une référence directe à cela. Mais pourquoi une fille, me demandez-vous ? A priori, pour se moquer gentiment de la fameuse tendance à « genderbend » chez TYPE-MOON.)

Le concept même de fakelore est déjà quelque chose d’intéressant, et qui fait réfléchir. L’esprit critique est d’autant plus important qu’il peut s’appliquer à une infinité de choses, y compris le fait de se demander « Est-ce que cette légende, tradition, ou icône culturelle locale n’est pas juste une fabrication visant à me vendre des magnets pour mon frigo quand je passe à la boutique de souvenirs ? »

Mais nous pouvons aller plus loin.

Anecdote n°6 du profil de Paul Bunyan sur F/GO.

Comme le souligne le profil de notre mini-giga-Berserker, ces histoires qui étaient peut-être « de l’odieux fakelore commercial » en 1916 ont eu leur propre vie entre temps. Elles se sont propagées, étendues, transmises de parent à enfant, d’autochtone à touriste, et oui, même d’entreprise à client. Quelles que soient les méthodes, elles ont alimenté la culture et l’imaginaire collectif depuis maintenant plus d’un siècle. Elles ne sont pas aussi vastes ni aussi connues que de grandes mythologies antiques, et pourtant, à leur échelle, elles ont émerveillé, ému, ou simplement fait rire de bon cœur petits et grands sur plusieurs générations. Ainsi, nous vous laissons avec cette question :

« À quel moment du fakelore devient-il du folklore ? »


Assassin : J. Edgar Hoover

Le Servant Assassin de Riyo : J. Edgar Hoover, accompagné de son Master, Olga-Marie Animusphere.

Riyo Assassin est le Servant d’Olga-Marie Animusphere dans le manga. Selon ses apparitions, elle est vêtue d’une robe de nuit ou d’un costume marron, mais est souvent représentée avec un cigare et un pistolet. Son True Name n’a actuellement pas été révélé dans le manga, mais son surnom – “premier directeur du FBI” – enlève tout doute concernant son identité. En effet, Riyo Assassin n’est autre que J. Edgar Hoover.

Qui est Hoover ?

Hoover (1895-1972) fut le premier directeur du Federal Bureau of Investigation et l’avait été pendant quarante-huit ans. Ce fut après son décès qu’une durée maximale de dix ans aura été instaurée pour le mandat du chef du FBI.

Après avoir été diplômé de la George Washington University, Hoover entrait en 1917 au département de la Justice des États-Unis. Sa position lui permit d’être exempté de service militaire pendant la Première Guerre Mondiale. Sa carrière au département l’aura mené à être nommé assistant du procureur général A. Mitchell Palmer, puis chef de la General Intelligence Division en 1919.

Hoover commença à rassembler des informations sur des citoyens considérés comme radicaux. Ayant fiché plusieurs dizaines de milliers de personnes, il mena en 1920 de nombreux raids (appelés les Palmer Raids) contre des groupes communistes, anarchistes ou radicaux. Bien qu’ayant été l’acteur principal de ces opérations souvent illégales et critiquées, ayant même mené à la démission du procureur général Palmer, Hoover s’en sortit indemne et aura même été nommé directeur du Bureau Of Investigation en 1924.

Arrivé à la tête du BOI à 29 ans, Hoover établit des règles strictes concernant le recrutement et la conduite des agents. Les candidats devaient passer des tests physiques, des interviews ainsi qu’avoir une formation en droit ou en comptabilité. Il créa l’Identification Division et la Laboratory Division, chargée de gérer les enregistrements d’empreintes et de développer les sciences forensiques. Le Bureau Of Investigation fut mis en lumière dans sa lutte contre les gangsters et les criminels de renom pendant la Grande Dépression. 

En 1935, le BOI sera devenu le FBI. À l’approche de la Seconde Guerre Mondiale, le FBI se spécialisait dans le contre-espionnage. Pendant la guerre froide, le Bureau enquêtait principalement sur les Soviétiques, notamment en surveillant les employés gouvernementaux afin de s’assurer que des agents étrangers ne se seraient pas infiltrés. À partir des années 60, le FBI se tournait vers la lutte contre le crime organisé et la protection des droits fondamentaux. Hoover décéda le 2 mai 1972 d’une crise cardiaque.

Assassin dans l’oeuvre de Riyo

Dans le manga, Riyo fait de Hoover une femme. Ce choix est une référence aux nombreuses rumeurs sur Hoover, notamment qu’il aimait se travestir. Parmis ces rumeurs, une des plus connues disait qu’il était homosexuel et avait une relation avec son second, Clyde Tolson.

Assassin possède deux Noble Phantasms

  • Government Men, qui prend la forme d’hommes en noir chargés de surveiller et d’éliminer des cibles pour Assassin, une référence directe aux agents du FBI.
  • Official and Confidential, qui a l’apparence d’un dossier renfermant de nombreuses informations sur la personne ciblée par Assassin. Ces documents contiennent les faiblesses de son adversaire, mais aussi des informations compromettantes. Si Hoover fut resté directeur du FBI pendant quarante-huit ans, c’est parce qu’il détenait de nombreuses informations confidentielles et par conséquent pouvait entraîner avec lui énormément de monde s’il venait à chuter.

Assassin possède aussi trois compétences: Filing, Coercion et Espionage. Celles-ci mettent en avant la grande entreprise d’espionnage menée par Hoover et destinée à ficher les radicaux. Mais aussi des opérations plus secrètes organisées par Hoover en personne et destinées à rassembler des informations compromettantes sur des personnalités célèbres afin de les faire chanter.


Saber : Väinämöinen

Saber dans l’oeuvre de Riyo

Riyo!Saber est le Servant de Mash Kyrielight dans Learn With Manga! FGO. Ce Servant fut créé à partie d’udon créés par Riyo!Leonardo Da Vinci, puis trouvé par Riyo!Artoria. Cette dernière infuse l’udon de sa propre énergie spirituelle, s’assurant ainsi que le Servant à naître soit de classe Saber : ceci fait un joli parallèle à la propre situation d’Artoria avec Merlin.

Il s’agit d’une femme enceinte portant son enfant ; celui-ci étant le véritable Servant. Riyo!Jeanne, fidèle à ses compétences en discernement de l’identité dans la parodie de Riyo, pense au premier abord que Saber est Jésus ; faisant de la mère Marie. Évidemment, ceci n’est absolument pas le cas : la mère de Saber ayant plutôt l’air nordique.

On découvre ensuite que Saber peut déjà parler, d’un langage désuet, à l’intérieur du ventre de sa mère dans une scène au sauna où il demandera tous les personnages féminins présents en mariage. Nous apprenons également également que la mère de Saber est capable de jouer d’un petit kantele, un instrument traditionnel finnois, afin de provoquer Riyo!Lancer sur ordre de Mash.

Ensuite, dans Learn With Manga Vol. 2, nous obtenons bien plus d’informations. Son alignement est loyal neutre et il a des paramètres assez classiques pour un Servant de classe Saber, hormis une statistique de chance très basse (E) et une statistique de magie anormalement élevée (A).

Ses compétences personnelles nous informent que Saber est sujet à des pulsions violentes et incontrôlables… De faire la cour à chaque demoiselle qu’il aperçoit. Cette dernière ressentira obligatoirement un puissant dégoût et son instinct lui dictera de fuir, de courir aussi loin et aussi vite qu’elle le peut. Nous apprenons aussi que Saber a un mental plutôt fragile : il est vite découragé et pleure facilement, néanmoins il se remet plutôt vite de ces moments de faiblesse. Cette dernière compétence s’appelle Sage Éternel, ce qui, avec d’autres éléments relevés plus haut, nous permet de deviner assez facilement et précisément son identité ; bien qu’elle n’ait pas été directement révélée.

L’identité de Saber et les mythes gravitant autour de lui

Riyo!Saber a donc de fortes chances d’être Väinämöinen, dans le ventre de sa mère Ilmatar. Il s’agit d’un demi-dieu présent dans le Kalevala, recueil de poèmes central à la culture et à la mythologie finnoise. Väinämöinen y est décrit comme possédant une sagesse illimitée dès la naissance. Il eut passé sept cent trente ans dans le ventre de sa mère, pendant que la terre se formait. Il ne naquit qu’après de nombreuses prières, et plongea immédiatement dans la mer. Väinämöinen fut un éternel conteur en la terre de Kaleva, dont les évènements tournaient beaucoup autour de lui. Sa recherche passionnée d’une femme mit les relations entre Kaleva et le pays voisin à mal, ce qui mènerait à un conflit entre les deux pays. Le héros possédait une voix ayant de fortes propriétés magiques, lui permettant de plonger son rival, Joukahainen, au fin fond d’une tourbière. Väinämöinen avait également fabriqué un kantele magique avec la mâchoire d’un brochet.

Après sa défaite des mains du nouveau né de Marjatta, le vieux sage, dans un bâteau de cuivre qu’il s’était fabriqué en chantant, naviguait ainsi en dehors du royaume des mortels. Il promit néanmoins que lorsque le monde en aurait besoin, il reviendra ; ce qui fait écho à l’arrivée du christianisme en Finlande.

Pourquoi avoir choisi la théorie de Väinämöinen ?

Väinämöinen est un personnage ayant inspiré Gandalf, du Seigneur des Anneaux, ce qui démontre que le personnage est tout de même assez populaire. La promesse que Väinämöinen prononce à la fin du Kaleva ressemble énormément à celle que le roi Arthur prononce avant son départ pour Avalon, ce qui fait un parallèle avec le fait que celle qui l’a trouvé dans l’œuvre de Riyo et en a fait un Servant est Artoria, cémentant d’autant plus la théorie que Saber est Väinämöinen, en plus des autres références dans son profil de Servant.


Lancer : Mary Anning

Le Servant Lancer de Riyo : Mary Anning.

Riyo Lancer est un des Servants inventés pour la série Learning with Manga. L’une de ses premières actions dans la série a été ni plus ni moins que d’empaler sauvagement Gudako (elle s’en est remise, vous en faites pas). Pourtant, sa véritable identité n’a rien d’aussi belliqueuse. Eh oui, même s’il n’a pas été révélé officiellement, son True Name se voit gros comme un T-Rex au milieu d’un musée : Lancer n’est autre que Mary Anning.

Mais, c’est qui Mary Anning ?

Le nom de Mary Anning risque fort de ne pas vous être familier, mais l’héritage de son travail est connu de tous. Si vous pouvez aller voir des squelettes de dinosaures au muséum d’histoire naturelle, caler vos fesses devant Jurassic Park, ou jouer à des jeux comme Dino Crisis et autres Ark: Survival Evolved, c’est en partie grâce à elle ! Rien que ça. Et pour cause, Mary Anning est l’une des personnes ayant posé les principales fondations pour la création de la paléontologie en tant que domaine scientifique.

Née en 1799 à Lyme Regis, une ville de la côté sud-ouest de l’Angleterre, madame Anning était une paléontologue autodidacte. Issue d’une famille pauvre, elle a commencé à faire des fouilles dans les falaises du bord de Manche dans l’optique de revendre ses trouvailles à des amateurs de fossiles. Mais l’excavation et l’étude des fossiles devinrent bien plus qu’un gagne-pain, tant et si bien qu’après des années et des années de dur travail, Mary était légitimement devenue une éminente paléontologue (même si le terme n’existait pas encore).

Sans trop s’étaler sur les détails, les squelettes complets découverts par madame Anning (notamment de reptiles marins tels l’ichtyosaure et le plésiosaure) ont joué un rôle majeur dans l’émergence de la paléontologie en tant que discipline. Pour résumer très grossièrement, il faut bien comprendre qu’à cette époque, l’idée même que des espèces animales pouvaient s’éteindre, et d’autres pouvaient apparaître, n’était pas encore acceptée. La religion, tout ça. Les trouvailles de Mary ont été indispensables afin de prouver à la communauté scientifique qu’une « ère des reptiles » avait existé, et qu’il était légitime de se dévouer à la recherche et l’étude de l’incroyable diversité perdue du vivant qui avait autrefois existé sur notre planète.

Malheureusement, dans la société britannique du 19ème siècle, les femmes n’avaient pas le droit d’être membre des grandes institutions scientifiques. Alors même qu’elle était plus qualifiée que nombre d’entre eux, Mary devait passer par des intermédiaires hommes pour interagir avec la communauté de géologie/biologie, qui s’arrogeaient trop souvent le mérite de ses découvertes, tandis qu’elle-même ne recevait que très peu des récompenses ni éloges qui pourtant lui revenaient de droit.

Nous savons que de son vivant, Mary a pris très durement la façon dont ses contemporains l’utilisaient, et c’est bien normal. Cette rancœur pourrait bien être ce qui a inspiré à Riyo le caractère quelque peu agressif voir vengeur de Lancer dans Learning with Manga. Pour finir sur une note plus joyeuse : le temps et les efforts de nombreuses personnes pour le respect de son héritage ont fini par porter leurs fruits. De nos jours, Mary est reconnue à raison comme faisant partie des dix femmes britanniques ayant le plus contribué à l’avancée de la science.


Caster : Daikokuten

Le Servant Caster de Riyo : Daikokuten.

C’est parti pour le prochain Servant de Riyo ! Bien, bien. Alors, qu’avons-nous au menu aujourd’hui ?

Une… Fusion des deux protagonistes du Ratatouille de Pixar ? Non, bien sûr, mais l’identité de Riyo Caster n’est effectivement pas évidente au premier abord. Fort heureusement, notre équipe d’envoyés spéciaux sur le terrain a mené l’enquête.

Oui d’accord, mais c’est qui du coup ? Mûshika ? Gertrude de Nivelles ? Rattenkönig ?

Leur rapport est sans équivoque : tout indique que ce Servant n’est autre que le dieu japonais Daikokuten… ou un fragment de cette divinité, sous la forme des rats qui l’accompagnent partout. Le verdict est un petit peu flou sur ce point (Caster possède apparemment une « véritable apparence » qui n’est pas celle-ci)… Mais ce qui est certain, c’est la connexion directe avec Daikokuten.

Mais c’est quoi, un Daikokuten ? C’est un Shichi Fukujin. Mais c’est quoi un Shichi Fukujin ? C’est un squamate. Non, attendez, mauvais script. Nous disions… Les Shichi Fukujin, ou Sept Divinités du Bonheur dans la langue de Molière, sont un groupe de divinités japonaises associées au bonheur sous diverses formes : longévité, bonne santé, prospérité, abondance, richesse, etc.

Le Takarabune, ou navire aux trésors.

Dans la culture japonaise, aussi bien hier qu’aujourd’hui, les Divinités du Bonheur vont souvent main dans la main avec les célébrations du Nouvel An. Quoi de plus logique, en effet, que d’en appeler aux dieux qui apportent la bonne fortune pour bénir l’année qui commence ? Ils sont souvent représentés sur leur Takarabune (« Navire aux trésors »), comme vous pouvez le voir sur l’impression au bloc de bois ci-dessus.

Parmi les plus connus d’entre eux, nous pouvons citer Benzaiten, qui est la seule femme des sept, et déesse de beaucoup, beaucoup de choses… Concentrons-nous donc sur la sagesse, ainsi que les arts avec un accent sur la musique. Nous pouvons également citer Bishamonten, le plus guerrier d’entre eux , que vous pourrez aisément identifier à droite de Benzaiten sur l’illustration.

Mais venons-en à celui qui nous intéresse ici : Daikokuten, un dieu principalement associé à la richesse et au commerce. Il peut également être lié aux céréales, ainsi qu’à la maisonnée, en particulier une pièce : la cuisine. Il est presque toujours distinctement représenté transportant un énorme sac de riz et un marteau en bois (ou « maillet », pour les gens qui s’y connaissent plus en bricolage que moi). Le maillet est censé apporter la bonne fortune, et devinez ce qui accompagne le sac partout ? Des rats, en signe d’abondance de nourriture. Dans le manga de Riyo, Caster nourrit justement Gudako d’une quantité colossale de boulettes de riz, la transformant au final en un monstre géant qui porte, eh oui, un maillet et un sac. CQFD.

Que dire de plus sur Daikokuten ? Plein de choses sans doute, mais nous aimerions en profiter pour se pencher sur un concept que notre cher Kinoko Nasu adore : le syncrétisme, et en l’occurrence ici, le syncrétisme religieux. Késako ? Nous pouvons définir cela comme « la fusion de deux systèmes de croyances religieuses afin de donner un nouveau système, ou l’incorporation dans un système de croyances religieuses de croyances provenant d’une toute autre tradition ».

Le Japon : un cas parmi tant d’autres de syncrétisme religieux à l’Est

Vous savez peut-être déjà qu’au niveau culturel, l’archipel nippon est un excellent exemple de syncrétisme religieux de par la curieuse mixture de bouddhisme et de shintoïsme. Grâce à ce bon vieux Daikokuten, il est possible d’aller encore plus loin.

  • Partons d’une des trois divinités majeures de l’hindouisme : Shiva. Dieu de beaucoup, BEAUCOUP de choses que nous n’avons pas la place de lister ici, époux de Parvati, et « Big Boss » incontesté hindou aux côtés de Vishnu et Brahma.
  • Passons ensuite sur la case bouddhisme, où Shiva a été intégré et modifié de plusieurs manières. Dans la cosmologie bouddhiste, il y a donc des variations de Shiva, et des divinités qui ne sont pas explicitement Shiva mais tirent de lui leurs racines. Tout ceci est bien sûr EXTRÊMEMENT vaste, nous ne faisons que résumer rapidement et grossièrement.
  • Nous arrivons à l’arrivée, case shintoïsme, où une variante bouddhiste de Shiva est fusionnée avec le dieu Shinto Ōkuninushi, le « créateur de nation » et descendant de Susano’o, ce qui nous donne… Daikokuten, pfiou, nous y sommes.

Comme quoi, les croyances, légendes, traditions, et plus généralement, l’ensemble de la culture humaine, n’est pas un bloc monolithique. La culture n’est pas une ligne droite qui change à un point A de la frise chronologique à cause de l’événement X, puis à un point B à cause de l’événement Y, etc., et basta. La culture est plus proche d’un fleuve hybride composé d’un incroyable nombre de rivières qui se croisent, se mélangent, se séparent, puis se recroisent, de manière aussi chaotique et vivante que le sont les humains eux-mêmes.

Alors, oui, parfois, on se moque affectueusement de Nasu, avec ses « tendances hipster » qui puisent dans le syncrétisme religieux pour sortir des concepts et connexions obscures et éviter les dieux et légendes les plus « évidentes ». Mais franchement, tout ça vaut bien qu’on y jette au moins un œil curieux, non ?


Archer : Pecos Bill

Le Servant Archer de Riyo : Pecos Bill.

Ho oh, nous voici au Servant Archer inventé par Riyo ! Nous aurions presque envie d’insérer le fameux thème musical de Le Bon, La Brute et Le Truand (oui oui, celui qui vient probablement de se lancer dans votre tête), mais ce serait sans doute en faire trop. En tout cas, vous l’aurez compris, cette Archer est un cow-boy du Far West.

Qu’elle est mignonne avec ses oreilles animales ! On en oublierait presque l’impitoyable climat qui régnait pendant la conquête de l’Ouest. Étonnamment, à l’exception de Billy the Kid dans Grand Order, TYPE-MOON n’a pas vraiment puisé dans ce terreau. Terreau d’autant plus fertile grâce aux films de Western qui ont alimenté l’imaginaire collectif, y compris hors du sol américain.

Allez, la théorie.

Parmi le vaste choix de cow-boys, shérifs, bandits, et autres figures historiques iconiques de cette période, quel peut bien être le True Name de Riyo Archer ? Rien n’a encore été révélé officiellement, mais plusieurs indices majeurs nous permettent de remonter la piste d’un homme : Pecos Bill.

Pecos Bill est né au Texas dans les années 1830… Sauf que pas vraiment. Cher lecteur, vous êtes libre d’imaginer le son d’un vinyle qui déraille. Si vous avez lu l’article sur Paul Bunyan, vous savez que nous avions abordé le concept de « fakelore ». Eh bien, il se trouve que Riyo a de la suite dans les idées, puisque le personnage de Pecos Bill est un autre exemple de fakelore. En effet, Bill est un personnage fictif inventé par l’auteur Edward O’Reilly en 1917 pour des histoires courtes publiées dans The Century Magazine.

Il était présenté par son auteur comme étant tiré de la tradition orale de l’époque de la colonisation du Texas, du Nouveau Mexique et de l’Arizona, mais le folkloriste Richard Dorson (encore lui!) a prouvé qu’il n’en était rien. Le nom « Pecos Bill » a possiblement été inspiré par le surnom d’un général de la Guerre de Sécession, mais le personnage en lui-même provient uniquement de l’imagination d’O’Reilly, puis d’autres auteurs qui ont contribué au personnage au fur et à mesure des années.

Dans son histoire, Pecos Bill est donc un cowboy né au Texas dans les années 1830 (ou en 1845, selon les versions). Tout jeune, il tombe d’un chariot près de la rivière Pecos, et finit élevé par des coyotes. Des années plus tard, son frère le retrouve et le ramène à la civilisation humaine (parce que sinon il n’y aurait pas d’histoire, forcément), mais vous savez maintenant d’où viennent les oreilles animales ainsi que le comportement sauvage et pas très sociable de Riyo Archer.

Un autre point commun que partage Pecos Bill avec Paul Bunyan est la tendance de ses auteurs à lui prêter toutes sortes d‘accomplissements surhumains, le genre qui serait à leur place dans du fantastique ou des comics de super-héros. Dans la culture populaire, l’exploit le reconnaissable de Bill consiste, ni plus ni moins, en la capture d’une tornade grâce à son lasso ! Ce détail a justement été inclus par Riyo dans son manga. Et si ce n’est pas suffisant, pour continuer à donner le ton, nous pouvons citer que :

  • Sa nourriture préférée est la dynamite (la base) ;
  •  Il utilise en fait des serpents vivants en guise de lasso et de fouet ;
  • Il chevauche parfois un puma, car les chevaux c’est apparemment trop mainstream ;
  • Et comme Bunyan, il est le soit-disant responsable de la formation de nombreux lieux, dont le fleuve Rio Grande et le Golfe du Mexique. Oui oui, la zone entre États-Unis, Mexique et Cuba qui s’étend sur un million et demi de kilomètres carrés.

Vous avez sans doute saisi l’essence des « légendes » de Pecos Bill, rajouter quoi que ce soit de plus sur le personnage ne nous semble pas forcément utile. Mais avant de nous quitter, saisissons cette chance de se pencher sur un concept avec lequel vous êtes sûrement tous familiers : l’enfant humain qui est élevé dans la nature par des animaux. Pourtant totalement impossible scientifiquement parlant, le fait que Pecos Bill soit élevé par des coyotes ne vous a sûrement pas choqué plus que ça, et pour cause, l’idée est assez courante. Vous êtes sans doute en mesure de citer d’autres exemples sans difficulté.

Certains vont penser en premier à Tarzan et/ou à Mowgli (probablement grâce à Disney, mais notons qu’ils viennent tous les deux de la littérature à la base). D’autres verront distinctement l’image des frères Remus et Romulus allaités par la louve. Peut-être que la sculpture était en couverture de votre manuel de latin. Dans certaines versions des mythes grecs, Atalante est élevée par une famille d’ours. Même les légendes arthuriennes si chères à Nasu n’y échappent pas, puisque dans certaines versions, l’innocence (les mauvaises langues diront« idiotie ») de Perceval est poussée au point de faire de lui un enfant sauvage, qui vivait nu dans la nature et se battait avec des lions pour le petit-déjeuner, avant d’être recruté par un certain blondinet chevalier du soleil. Cette liste est bien évidemment non-exhaustive, tant on pourrait citer d’exemples dans toutes formes de média.

Qu’est-ce qui fait venir et revenir l’imagination humaine à ce concept ? Une manifestation de l’envie de « retour à la nature » ou « retour au bon vieux temps » en réaction à la société moderne ? Un moyen efficace d’écrire une histoire sérieuse sur la discrimination et la peur de l’autre sans avoir à utiliser de véritable nationalité ou ethnie ? Un prétexte pour pouvoir rendre un personnage ou une histoire plus « exotique » sans trop faire d’efforts ? Juste parce que c’est rigolo, comme dans George de la Jungle ? Difficile à dire. Une chose est sûre en revanche : plus l’imaginaire humain s’étend, plus il reboucle aussi sur lui-même, fait sans cesse du neuf avec du vieux, créant une toile récursive sans fin d’histoires en tout genre.

C’est peut-être un peu ça aussi, l’essence de Fate, non ?


Rider : Georges Méliès

Le Servant Rider de Riyo : Georges Méliès.

Au même titre que ses comparses Berserker et Assassin, Rider fait partie du trio des premiers Servants inventés par Riyo pour Learning With Manga. Il est donc possible qu’elle vous soit un peu plus famillière que les quatre autres, ne serait-ce qu’au niveau de son design. Parlons-en, justement, de son design.

Comme vous le savez peut-être déjà, l’identité de Rider est Georges Méliès, l’un des papas du cinéma tel qu’on le conçoit aujourd’hui (on y reviendra). Mais que vient donc faire ici cette bunny girl rose ? Délire de Riyo sans aucun fondement ? Loin de là, à vrai dire. Il faut partir du film le plus connu de Méliès : Le Voyage dans la Lune. Dans plusieurs folklores à travers le monde, le lapin est associé à la lune, a priori car les humains ont tendance à voir un lapin sur la surface de notre satellite.

Ça va, avouez que c’est au moins vaguement un lapin.

C’est un exemple de paréidolie, ou pour faire simple, la tendance du cerveau humain à analyser tellement fort ce qu’il voit qu’il finit par percevoir du sens dans des images ou sons qui n’en ont pas. Comme interpréter des formes spécifiques en regardant les nuages. Grâce à cela, plusieurs cultures d’Asie de l’Est ont développé une légende d’un lapin sur la lune, légende qui s’est développée pour la même raison et en parallèle chez… Les Aztèques.

Nous avons donc le lien entre Méliès et le lapin avec la lune en facteur commun. A partir de là, comment représenter graphiquement un humain-lapin ? Utiliser une bunny girl « à la Playboy » n’est pas bête : c’est peut-être ce qui se rapproche le plus du concept dans l’imaginaire collectif, à moins d’aller voler les Viera de chez Square Enix… Chose amusante : le lien avec l’astre lunaire (et le cinéma, bien sûr) est également évoqué dans l’image de Rider un peu plus haut, qui rend hommage à la fameuse scène du vélo devant la pleine lune d’E.T. L’Extraterrestre !

Petit virage sur Méliès en lui-même

Non, Méliès a été un des pères du cinéma en tant qu’art. C’est (entre autres) à lui qu’on doit l’apparition des trucages, et donc par extension, des effets spéciaux. C’est déjà assez impressionnant dit comme ça, mais il faut être conscient d’une chose : la technologie filmique venait juste d’apparaître, le septième art n’en était qu’à ses premiers balbutiements. Et durant ces débuts, on pouvait filmer deux choses : des scènes réelles du quotidien, ou des « fictions », mais confinées par le réel : des acteurs qui jouent selon un script, oui, mais dans des lieux réels, limités à ce qu’on peut dire et faire dans le réel. En l’occurence, c’est Méliès, avec sa volonté de pousser le medium plus loin via ses trucages et son imagination, qui est à l’origine du cinéma de fiction fantastique : l’art de montrer à l’écran ce qui n’existe pas.

Puis en dernière ligne droite : le Servant dans l’oeuvre de Riyo

En ce qui concerne le Servant, Riyo s’est fait plaisir en lui créant (au moins) trois Noble Phantasms, chacun faisant référence au cinéma, à la vie de Méliès, ou aux deux à la fois. Le plus basique des trois s’appelle Texas Chainsaw Massacre. Ses effets sont inconnus si ce n’est qu’il fait apparaître une énorme tronçonneuse, et il fait bien évidemment référence au film du même nom par Tobe Hooper, que l’on connaît dans la langue de Molière sous le titre Massacre à la tronçonneuse (1974). Il s’agit d’un des « slasher movies » les plus cultes, et son antagoniste, Leatherface, n’est pas loin derrière la sainte trinité (Jason Voorhees, Michael Myers, et Freddy Krueger) en terme de popularité.

Le second Noble Phantasm de Rider n’est autre que Le Voyage dans la Lune, évidemment. Comme dans le scénario du film, la cible de ce NP doit survivre contre les habitants lunaires « pendant les 10 minutes que prend l’animation » (parce que ce n’est pas Riyo s’il ne lance pas une pique aux temps d’animation de NP dans Grand Order). Autre fait rigolo : il est dit que ce Noble Phantasm « pourrait en réalité appartenir à un autre Heroic Spirit ». Ceci est un petit clin d’œil à un autre Servant également invocable dans la classe Rider : Neil Armstrong ! L’existence de ce dernier avait été très vaguement évoquée dans Fate/EXTRA sur PSP en 2010, puis confirmé par Fate/Extra Last Encore 8 ans plus tard.

Enfin, terminons sur son troisième Noble Phantasm, Theatre Plaisir. Il permet à Méliès de matérialiser l’intégralité des bobines en nitrates de tous les films qu’il a réalisé. Pour utiliser ce NP de manière offensive, Rider met le feu aux bobines, ce qui cause une gigantesque explosion, parce que le nitrate, ça déconne pas. La référence est double. Dans un premier temps, vers la fin de sa vie, dans des circonstances financières très difficiles et sur un coup de colère, Georges Méliès a effectivement mis le feu au stock de bobines de son studio à Montreuil. L’aspect destructeur, quant à lui, est une référence au film italien Cinema Paradiso (1988), dans lequel un personnage principal est gravement blessé suite à la combustion d’une bobine en nitrate.

Peut-être pas la conclusion la plus bucolique et insouciante… En guise de dernière petite anecdote, sachez que Méliès possède également le pouvoir d’emprunter des capacités à d’autres Servants pour créer un Noble Phantasm hybride, et s’en sert justement dans le manga pour prendre et combiner la tornade de Pecos Bill avec les dinosaures de Mary Anning pour créer une Sharknado mais avec des reptiles. Franchement, si ça c’est pas le truc le plus cool que vous avez lu aujourd’hui…


Il s’agit donc, comme vous l’auriez deviné, de la fin de cette série d’articles sur les Servants de Riyo. J’espère que vous aurez apprécié la lecture ; n’hésitez pas à nous envoyer vos retours sur ceux-ci et portez vous bien en cette période de confinement !

– Toute l’équipe d’Archetype:Moon.

Archetype:Moon

Collectif pour l'essor de TYPE-MOON en France.

2 réflexions sur “More Learning With Archetype:Moon! – Les Servants de Riyo

  • Merci pour ces articles! Je suis tellement content que les Servants de Riyo soit abordés, et avec autant de précision! Ce sont des personnages bien plus travaillés qu’il n’y parait malgré leur aspect parodique, mais la rumeur dit que Nasu ne veut pas les voir dans son oeuvre et ce serait pour ça qu’à part Bunyan, les autres sont coincés dans le manga…
    3 ans que j’attend Rider. 3 ANS.

    D’ailleurs, j’aimerais ajouter quelques détails sur les 4 nouveaux Servants car ils ont été abordés dans le dernier jeu d’Avril : LANCER est une fille frustrée de la campagne, elle aime l’argent et les compliments, SABER est le fondateur du métal nordique (genre lol) et pense que l’âge n’est qu’un nombre dans le marriage, ARCHER peut attraper n’importe quoi avec son lasso et CASTER est un dieu de la chance qui fait des onigiri qui porte un maillet ressemblant au uchide-no-kozuchi.

    J’ai hâte de voir la suite de l’article 🙂 bonne continuation à vous !

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