Heaven’s Feel : Spring Song, une conclusion réussie ?
Malgré une pandémie qui bat toujours son plein et des cinémas qui rouvrent à peine, le dernier volet de la trilogie Heaven’s Feel a réussi à battre tous les records lors de sa première semaine de projection au Japon.
Chez nous, il représente désormais la plus grosse sortie cinéma de l’histoire de Wakanim, devant des licences habituellement considérées comme plus populaires telles que Sword Art Online.
Ayant vu le film à l’occasion de l’avant-première au Grand Rex, je pense qu’il est important de revenir sur ce film qui met non seulement fin à la saga Heaven’s Feel mais aussi à la collaboration entre le studio ufotable et Type-Moon (temporairement on l’espère !).
Bien entendu, une critique de ce film n’est pas possible sans spoiler la route Heaven’s Feel du visual novel original et les scènes ajoutées dans le film.
Si vous n’avez pas encore vu ce dernier ou que vous ne connaissez pas le contenu de la fin d’Heaven’s Feel, je vous recommande fortement d’attendre avant de lire cet article afin de ne pas vous divulgâcher les éléments clés de l’intrigue.
1.- Les visuels
Depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, le studio ufotable nous a habitué à des visuels et une animation impressionnante sur la plupart de leurs séries. Au point où « ufotable devrait adapter X en anime » est devenue une phrase que l’on retrouve inévitablement lorsque l’on parle d’un manga populaire dans les sphères anglophones de la communauté anime.
La plupart des fans avaient donc de grosses attentes niveau animation pour ce troisième film. Surtout qu’il se retrouve à devoir adapter bien plus de scènes de combat que son prédécesseur qui a placé la barre très haute avec l’affrontement entre Saber Alter et Berserker.
Selon moi, c’est pari réussi avec ce troisième opus. Les multiples scènes d’action du film sont tout bonnement magnifiques et mélangent harmonieusement un grand nombre de techniques d’animation (interpolation de frame pour donner un effet « 60FPS », insertion de personnages en 2D sur des décors et effets en 3D, changement de la fréquence d’image…).
Le combat qui oppose Saber Alter à Rider est une véritable merveille sur tous les points, la chorégraphie est incroyable et retranscrit parfaitement les styles de combat et les émotions des personnages. L’écart existant entre les capacités de Saber et Rider, la détermination de cette dernière, l’hésitation de Shirou et le désespoir de Saber reprenant ses esprits sont parfaitement communiqués au spectateur avec un minimum de dialogues.
Si l’on pouvait s’attendre à des scènes d’action de très bonne facture, ce qui m’a réellement surpris positivement durant mon visionnage du film c’est l’attention portée au character acting (l’animation des visages, des expressions et de la gestuelle des personnages).
Les émotions des personnages sont tout autant transmises à travers les excellentes performances des comédiens de doublage que par leurs manières de bouger durant les scènes.
Que ce soit la posture plus renfermée, les mouvements de mains erratiques de Sakura ou le port altier, l’air sévère voire suffisant de Rin ; l’attention portée aux détails est spectaculaire.
J’espère de tout cœur que l’équipe du film et son directeur Tomonori Sudou travailleront de nouveau sur des projets en collaboration avec Type-Moon.
2.- L’audio
Comme pour les deux derniers opus, on retrouve Yuki Kajiura à la bande son de Spring Song.
Cette dernière est construite de façon similaire à celle de Lost Butterfly avec un leitmotiv symbolisant Sakura qui est repris et modifié dans une grande partie des pistes.
On retrouve aussi l’attendue reprise d’EMIYA, assez courte mais néanmoins marquante.
Certains fans hardcore du VN ont été déçus du manque de reprises de morceaux de ce dernier à travers la trilogie. Je ne trouve cette critique pas nécessairement justifiée car si les morceaux du VN sont bons dans le contexte de ce dernier, ils ne s’adaptent pas tous très bien au passage à un autre medium.
Dans tous les cas, la bande son de Spring Song est splendide et complémente impeccablement la performance des comédiens de doublage et l’animation.
En parlant du doublage, il est globalement de très bonne facture, mais si j’omets mon biais en tant que fan de Rider, je dois reconnaître que les prestations de Jouji Nakata (Kirei) et Noriko Shitaya (Sakura) sont celles qui ressortent le plus.
Sakura et Kirei sont des personnages qui apparaissent dans quasiment toutes les diverses adaptations de Fate mais très souvent dans des seconds rôles (débattable pour Kirei dans Fate/Zero). Spring Song met les deux en avant dans de nombreuses scènes permettant à leurs doubleurs de se donner à 100 %.
3.- Le scénario
Contrairement à Lost Butterfly, Spring Song reste très proche du script du VN et n’apporte que quelques scènes originales.
Le dernier tiers de Heaven’s Feel est très dense niveau événements ce qui le rend compliqué à adapter dans un film de deux heures.
Les quelques ajouts du film sont pertinents et aident à étoffer les personnages, notamment Kirei et Zouken. Les petits clins d’œil au reste du Nasuverse feront plaisir aux fans les plus fervents sans perdre les petits nouveaux commençant par les adaptions animées de Fate/Stay Night.
Le seul reproche que je peux vraiment faire au film, voire même à la trilogie de façon générale, est le choix d’une durée de deux heures pour chaque film (soit 6h pour adapter une route de 25h).
Selon des bruits de couloirs, cette durée résulte d’un choix d’Aniplex fait dans un but de se conformer au standards de l’industrie, là où le studio ufotable avait commencé à envisager une trilogie de films de 2h30.
On ressent bien ce manque de temps dans Spring Song : certains événements un peu moins importants sont expédiés très vite sans trop d’explications (la création de l’épée des joyaux est un processus plus compliqué et bien plus douloureux pour Shirou dans le VN) et le film n’a pas le temps de retranscrire la plupart des monologues de Shirou.
En soi, ça ne pose pas de gros problèmes de compréhension de l’histoire donc ce choix est compréhensible (tout comme le fait de couper la scène de Die Lorelei dans le second film) mais parfois je me prends à rêver d’une illusoire version director’s cut des films.
4.- Conclusion
Spring Song est une très bonne conclusion à une excellente trilogie et au projet d’adaptation de Fate/Stay Night lancé en 2014 par ufotable.
Si l’on peut faire quelques petits reproches au film, je pense que nous avons eu la meilleure adaptation possible compte tenu des contraintes imposées par Aniplex (et l’industrie du cinéma d’animation japonais en général).
Un grand merci à Wakanim qui nous a permis de voir du Type-Moon sur grand écran en France et même en province, chose inimaginable il y’a quelques années.
J’espère revoir Type-Moon collaborer avec ufotable pour d’autres adaptations ou pourquoi pas un anime original (On peut toujours rêver !)